Dimanche 1er février 2009 à 22:46
C'était la première fois de ma vie, j'ai ouvert les yeux, le plateau était là, avec son indienne qui sourit dans le fond.
ça m'a touché beaucoup toutes ces choses si bonnes, je mangeais une cuillère, une bouchée, une gorgée de chacun.
Je n'avais qu'à me retourner sous la couette, les jambes encore au chaud.
Puis je me suis levée, il était parti, faire sa permanence à Duperré.
J'ai pris ma douche avec la serviette la plus douce, pliée pour moi dans la salle de bain.
Et ensuite je lui ai dessiné une cheminée. C'était ce qu'il manquait, il m'en avait parlé.
J'ai collé les pages blanches sur le mur du salon et pris mon marqueur, trente minutes plus tard je prenais le métro,
l'inconnu, le Robespierre, j'étais heureuse de regagner une école, car ce n'était pas la mienne,
et que j'allais découvrir les salles où il étudie.
Vendredi 30 janvier 2009 à 14:22
Ce soir c'est Paris et j'ai déjà des frétillements dans les jambes,
l'impression d'être en retard alors que le départ n'est que dans deux heures.
Je pense que demain matin je serai de permanence à Estienne
et que le soir nous irons danser pour les 19 ans de Jessica.
Je ne sais pas du tout où habite cette forêt qu'elle a pris en photo,
qui est tombé sur mon parquet lorsque j'observais ses croquis,
que je me suis dépêché de scanner, mais je la trouve resplendissante.
On dirait que la lumière passe en elle comme des doigts de détenu entre des barreaux.
Je voudrais dire à mon voisin du deuxième étage que je serai à 500 km de sa crémaillère ce soir,
mais que ça aurait vraiment été avec plaisir, et que peut-être qu'un jour,
on se croisera à la boîte aux lettres. C'est quand même drôle cette histoire,
de se dire qu'un inconnu lit ma vie à un certain nombre de mètres sous mes pieds.
Qu'il a découvert qu'on habitait le même lieu, sur la photo où Alex et Jess posent devant la porte de l'immeuble.
Je trouve ça tordant, l'ambiguïté du hasard qui relie les gens par tous les moyens.
Ce soir, je m'évade de ce vague à l'âme, ce spleen, ce serrement de coeur qui recouvre mes murs
depuis une semaine.
Jeudi 29 janvier 2009 à 11:46
Je pense que dans la vie il suffit de marcher vite.
Je ne sais pas pourquoi j'ai cette impression.
Marcher vite, je crois que ça signifie, oublier un petit peu ce qu'il y a autour,
y faire moins attention, se boucher les oreilles avec des morceaux trop forts.
Je suis bien lorsque je marche vite, lorsque je monte les escalators
en dépassant les gens trop patients. Je pense aussi qu'ainsi,
les personnes se disent que je suis quelqu'un de pressée, qui court après
des choses sans doute importantes, que j'ai à faire, voilà, que j'ai à faire.
Le bonheur c'est de marcher vite, ça fait tourner les manivelles de la vie.
La photo date du week-end avec Alex, il avait posé devant la porte avec moi,
et Jess prenait la photo, je crois que cette semaine elle a été dans son labo noir
avec ses bains de liquide, et ce matin avant de partir elle a accroché la minuscule image
dans un coin du miroir au-dessus de la cheminée.
Il y a quelque chose de triste dans cette photo, on dirait la guerre, nos manteaux et cette pose.
Un peu comme la dernière image avant le départ.
Mercredi 28 janvier 2009 à 21:52
J'ai hâte de ce nouvel air de vendredi soir, celui qui va durer jusqu'au dimanche,
hâte de voir l'intérieur d'Alexandre, de manger indien, de marcher dans un marais et de voir son école,
de voir sa tête fière qui me montre son école, ses camarades. J'ai hâte de tous ces changements,
je voudrais qu'ils fassent pivoter mon cerveau, que ma tête retrouve ce soleil de la photo.
Il y aura les portes ouvertes des grandes écoles, les interminables balades,
on ira sonner chez Valou, moi planquée dans l'escalier, ce sera drôle, je pourrai rire.
Peut-être que je retrouverai ma voix, qu'elle sera moins éteinte, moins cubaine comme ils disent à l'école, pour blaguer.
Il faut abuser de ces amis tendres, et ce soir, j'ai rendez-vous dans la nuit, on ira s'asseoir au cinéma,
nous, les deux Jessica et je pense qu'elle aura pris son pyjama, pour que nos discussions puissent durer jusqu'au demain.
Mardi 27 janvier 2009 à 21:38
Alex devait tenir ça, le jour où il a attendu Hélène à la gare pour mes 18 ans surprises,
ils ne s'étaient jamais vu. Elle n'avait jamais vu personne d'ailleurs.
Je ne sais pas pourquoi il disait, qu'Hélène était une chinoise, mais c'était comme ça.
Je crois que finalement, il n'a pas brandi sa pancarte, mais je préfère dire qu'il l'attendait avec, fièrement.
Elle a ressorti sa feuille de papier rangée minutieusement dans la pochette, dans le tiroir.
Il avait du le lui donner. Moi je n'étais au courant de rien.
Hier, le chocolat fondant du fondant s'est répandu dans notre crême vanille,
on a mangé ça du bout de nos deux cuillères à l'étage du Ninkasi.
Et c'était réellement, très vivant.