Jeudi 21 mai 2009 à 10:30
Chaque matin, ou chaque soir, il y a la machine à écrire,
bleu pour les titres, les titres sont premier jour deuxième jour etc
et rouge pour les textes et j'écris des choses qui ont marqué mes journées
j'avais je crois, séché le cours d'éco, celui l'unique qui parlait du rapport de stage
alors je ne sais pas ce à quoi je dois penser, ce que je dois retenir précisément,
alors je retiens, tout, je retiens même que j'aurai aimé retenir le prénom de l'italien
chez qui l'on passe tous nos déjeuners sandwich mozzarella roquette
en parlant de la fin du monde.
L'agence est vraiment un lieu agréable, je sais qu'il y a constamment trois têtes de biches
et quelques crânes incertains qui sortent du mur derrière mon dos et d'un côté
je crois que ça me rassure, de me dire que la lumière n'est pas des néons et
les bureaux pas du plastique. Ici ma chaise de bureau est un fauteuil de bureau
qui a un âge plus élevé que le mien et les écrans des mac sont surélevés par des
dictionnaires médicaux illustrés aux pages jaunâtres.
On me demande parfois de faire des choses que je ne comprends pas,
comme ces quatre boards de la campagne de positionnement pour le commercial d'sfr,
alors j'ai mal au ventre, pendant dix minutes j'ouvre et ferme des pages internet en espérant que
des "boards" me tombe du ciel et ensuite je tourne la tête vers ces gentilles personnes qui m'entourent
et murmure à l'aide. et puis finalement je me rends compte que j'ai d'avantage appris
en trois jours de stage chez Leg qu'en huit mois de cours à Lamartinière.
ils feraient d'excellents professeurs.
Paris a déjà vidé mon compte en banque alors chaque jour, lorsque l'on s'accoude
à la fenêtre, je regarde les magasins en face de l'agence, à gauche, un réparateur de
bicyclettes qui s'appelle Au réparateur de bicyclettes. et à droite un magasin relativement
intéressant qui s'appelle Jonak Stock et qui vend toutes les Jonak de mes rêves
à des prix minables. Alors chaque soir lorsque je sors, je commence par traverser le boulevard
et puis je me dis non non non c'est pas raisonnable est ce que tu crois que les gens qui habitent
à côté de Disney Land y vont tous les week-end toi?
c'est alexandre poisson qui a pris cette image en photo avec son iphone
car il aimait l'épaisseur très inhabituelle de ma chevelure
Mardi 19 mai 2009 à 19:55
Samedi 16 mai 2009 à 17:54
Je suis retournée chez la coiffeuse, qui a sa porte juste à droite de la mienne.
Je suis rassurée de me dire qu'au retour, je n'ai que deux mètres de trottoir à franchir pour me réfugier dans l'ascenseur.
En sortant je me suis pourtant rendu compte que ce ne serai pas si simple,
je n'avais pas pensé à la brocante qui avait amené une famille à élire domicile juste en bas de la porte de mon immeuble.
Enfin j'ai du faire des pieds et des mains pour que la dame aux ciseaux n'expérimente pas d'incertaines choses sur ma chevelure.
Ce fut extrêmement difficile de faire couper trois petits centimètres de longueur sans dégradé ni frange ni balayage ni brushing ni Paris Hilton
du classique qu'elle a dit. Ouais c'est ça, du classique ouais. Une heure de combat, pour trois coups de ciseaux.
Et puis en ressortant j'ai agité mes cheveux super fort devant une vitrine qui reflétait ma coupe aplati et j'ai longé la brocante.
Et sur un cintre gris, là, à côté d'un stand minable de cassettes vhs, ce fut le manteau, enfin, vraiment, LE.
Tellement LE que j'ai déjà déplacé de quelques centimètres les quatre boutons alors qu'habituellement, je mets 6 mois à sortir mes aiguilles.
5 euros qu'il a dit le monsieur, dans un rire qui signifiait Hey t'imagine pas comment Chantal elle va halluciné que j'ai vendu son atroce veste.
J'ai sortis le billet qu'une biche m'avait glissé quelques heures avant, dans la poche arrière.
J'ai dis que j'habitais la porte à côté du coup je suis repartie avec le cintre direction mon armoire.
Dimanche 10 mai 2009 à 11:51
Dans une main et demi de jours je retrouverai cet appartement là de cette tata là
dans cette ville là. Puis j'entamerai le stage chez Leg qui me procure déjà cette peur des grands jours.
C'était si agréable ce soleil aujourd'hui, dans les rues, et se rendre compte que la beauté des gestes
aide à se sentir vivante, ou pleine, cette paume dans le cou ou ces doigts entre les phalanges.
Ces contacts qui se muent en besoins physiologiques.
Je me souviens d’un garçon qui avait cette vie ni belle si moche mais si étonnante.
Ce garçon Outre Atlantique qui lisait mes mots sur ce blog, qui m’avait fait découvrir Garden State,
il m’avait dit, ça a changé ma vision sur la vie. Je crois que ça n’a rien changé du tout chez moi
Pourtant je comprends le sens de sa phrase. Il avait rencontré Lise Anne dans cette station
Service, celle où il travaillait. J’imagine qu’il faisait les travaux salissants, elle s’occupait du magasin.
Ils s’étaient vite embrassés. Je les voyais, sur le bord de l’autoroute, peuplant la pause des gens,
Un peu comme si leur vie à eux deux n’était qu’une pause, un temps éloigné du notre.
Il regardait l’écran de vidéosurveillance contrôlé par le patron,
pendant qu’elle se plaçait à différents endroits de la réserve.
Lorsqu’il ne l’a plus aperçu, lorsqu’elle s’est enfin trouvée dans le seul coin non enregistré par la caméra,
il lui a crié de ne plus bouger et ils ont élu ce mètre carré comme étant leur espace à baisers.
C’est vraiment des vies incroyables, je trouve ça tellement éloigné de moi que ça en devient exotique.
Mercredi 6 mai 2009 à 12:26
Ça me faisait penser au Truman Show,
je me disais, ils ont vraiment mis trop de figurants pleurant, cette fois-ci.
Ça faisait déjà bien cinq ou six personnes, les rouges rouges, le visage en larme,
en fait, c'était chaque personne que je croisais en tentant de quitter la gare, dans le hall.
Je pensais, c'est incroyable, il y a eu quoi, un énorme départ pour un pays dont on ne revient jamais?
C'était incroyable cette tristesse, ces sanglots pas du tout étouffés, et sept, et huit, et neuf.
Je me disais, c'est une gare, d'accord, mais quand même.
Au bout de la quinzième personne je me suis mise à pleurer, j'étais arrivée à un niveau du hall
de la gare où tout le monde pleurnichait, c'était le centre, le pôle sanglotant,
c'était en fait, tout bonnement, le lieu même, des bombes lacrymogènes.
J'ai couru dans le métro avec mon début d'asthme et ma gorge en feu de cheminée.
Et finalement, ce n'était plus du tout poétique.
L'image est un papier photo qui aimait pas la lumière offert par Alexandre,
j'ai posé un papier en forme de cœur dessus et je l'ai laissé au soleil,
alors tout s'est bruni sauf l'organe.