Dimanche 30 mars 2008 à 19:52

Vendredi 28 mars 2008 à 6:13

 

C'était bien la première fois, la toute première fois qu'ils voyaient ça. On pouvait apercevoir des dizaines de visages collés aux fenêtres, les yeux en forme de melon, la bouche en forme de bille, qui observaient inlassablement la dégringolade du ciel.

-  Peut-être que c'est le ciel qui meurt ?

Puis, petit à petit, ils avaient souffert du froid. Mathias avait regardé Anna, ses quatre tee-shirts superposés étaient tellement trempés qu'à certains endroits on pouvait entrevoir sa peau. Pour sa part, Mathis avait l'impression que son peignoir pesait le poids d'un semi-remorque de peignoirs. Ils s'étaient donc réfugiés sous le petit porche de madame Millerose, à plus de cinq kilomètres de chez eux. Ils avaient lu son nom sur la boîte aux lettres et avaient pensé chacun de leur côté qu'avec un nom qui sent autant la fleur, on ne peut qu'accepter que des inconnus viennent s'abriter sous votre porche. Debout, entre les jonquilles et les cailloux, ils attendaient que ça cesse.

Et ça ne cessait pas.

Biensûr que la première neige du monde, elle n'allait pas cesser en deux heures. Mais à vrai dire ils n'en savaient rien. Elle n'avait pas de nom non plus, pas de nom, pas de durée, de dimension. On savait juste qu'elle était blanche, froide et étendue. Comme si elle se tricotait toute seule. Et qu'elle n'avait pas le vertige, à la voir tomber comme ça et passer des heures sur les toits, on pouvait s'en douter.

 

Lundi 24 mars 2008 à 18:36

C'est un lundi neige.
un lundi maison neige; max et papa sont partis il y a vingt minutes en ne sachant pas vraiment où aller.
On fait souvent ça, quand on ne sait pas quoi faire.
on part seulement et puis dans la voiture au bout de la rue papa crie
A droite ou à gauche droite gauche gauche droite.
au hasard chaque fois on y va.
Je pense qu'ils ont pris à gauche puisque vingt minutes plus tard
ils m'appelaient d'au-dessus de l'Isère, de l'intérieur des bulles vitrées qui remontent la montagne.
On est plus dans la voiture a dis Max au téléphone
Moi pendant ce temps là j'ouvre un peu mes cahiers sur les monomères et
les poly. polyaddition polycondensation
J'ouvre juste, comme les cartes d'anniversaire que l'on a peu de faire sonner.
doucement, puis je referme, vraiment trop peur finalement.
Je bois du chocolat chaud, à la petite cuillère sans boire au bol
sur un coin du bureau. Je lis aussi, un livre qui parle de Harold et Maude.
Y'a pas 500 belles phrases mais je viens d'en trouver deux page 77.
J'écoute Anna Ternheim qui parle de folie d'amour et par la fenêtre, l'étendue blanche,
avec les particules qui ne cessent de dégringoler depuis le début de la journée.
Ca me fait vraiment peur tout ça qui n'arrête pas de tomber du ciel.
que ce soit de l'eau, des flocons, je ne suis pas très compliquée, je déteste les deux.
moi je préfère qu'il tombe rien sur notre tête, que tout reste en l'air bien accroché.
on vient pas cracher dans les nuages alors qu'ils nous laissent tranquille un peu.



Dimanche 23 mars 2008 à 15:06

Jeudi 20 mars 2008 à 18:33

J'avais assez mal au ventre mais il faisait bon. j'étais en retard aussi. d'une demi-heure carrément. sûrement plus, je n'y suis pas encore. je suis en retard. sur son magazine c'était écrit que quand les garcons disent "je préfère l'autre" les filles entendent "je déteste celui ci". Ca nous a fait rire à deux en repensant à des trucs. Au-dessus de nos bols de chocapic. Nos bols du jeudi midi. on avait commencé par des barquettes de nourriture, des petites que l'on passait au four. puis les pâtes. les pâtes c'est quand c'est fête. comme cette fois où jess est venu avec moi ici. et maintenant c'est petit déjeuner. pas de barquettes ni de pâtes, je fourre seulement dans mon sac une boite de chocapic de la superette proche du lycée et je cours prendre le 11.
Sur la table on éparpille des enveloppes qui datent de 2003 et plus, plein de choses dépassent je vois des tissus des colliers et même un truc de ketchup comme ceux qu'on nous donne au self quand il y a des frites, des billets de train, aussi. elle sort et parle en décrivant. je reste de l'autre côté de la table sur ma chaise les mains "à la cave" comme dirait mamie. marion me dit que je suis figée je reponds que c'est parceque j'aime bien voir toutes ses enveloppes de vie avec les descriptions et les lectures. c'est surtout la fatigue qui me cloue.
puis jess dans le labo photo. avec les fonds de tissu noir, je la regarde photographier les mains en platre. elle reconnait quand c'est ma main, avec les ongles que l'on peut voir dans la sculpture blanche. moi j'ai la tête tout contre le mur. je m'endors. quand elle me demande si l'ombre est belle je lui dis que oui sans ouvrir les yeux. une ombre c'est beau. mes cheveux glissent et je manque de tomber à droite à gauche alors je prends son pull marin à elle et je m'allonge sur le sol au milieu du labo.
si quelqu'un entre je dois dire "je suis tombée dans les pommes et elle a pas vu". le sol est glacial et ça passe à travers le pull. je tremble un peu, de faim de fatigue et de froid. un gros mélange qui fait bouger mes doigts et mes avant bras. comme s'ils sanglotaient. je rentre à la maison.

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | Page suivante >>

Créer un podcast