Elle était si délicate. De discrètes lunettes de soleil. Une chemise rayée bleue et blanche agrémentée d'un gilet clair. Je voyais bien que si je fourrais ma tête et mes narines dedans je ressentirais la douce odeur de sa lessive.
Elle vint s'asseoir et murmura "Qui va à la chasse perd sa place." en suivant du coin de l'oeil la jeune femme qui venait de quitter le banc. Elle parlait doucement, de la vie, du beau temps. Très doucement si bien que je devais m'approcher très près de sa bouche pour pouvoir réussir à l'entendre.
Elle se plaignait de la chaleur de la rotation du soleil et du bruit lancinant des autobus qui n'en finissait pas. Je remarquais son alliance et ses lèvres dénuées de tout maquillage qui laissaient entrapercevoir les fines rides de sa peau fragile dessinant comme un soleil à la commissure de ses lèvres.
Elle parlait comme un vent doux s'engouffre dans des pétales de tournesol. De la maison de ses parents en montagne, la mort, la maison abandonnée puis en vente par nécessité, l'air frais de l'endroit qui remplit les poumons lorsqu'elle y songe quelquefois.
Elle avait posé sa canne de bois le long du petit rebord de pierres juste devant nous. J'avais envie de poser ma main sur la sienne et ma tête sur son épaule comme pour entendre encore plus distinctement ses paroles.
Lorsque je dû partir je lui offris le plus beau des sourires jamais inventé et me jurais que lorsque je serais assez vieille pour avoir des soleils en rides au coin des lèvres moi aussi je parlerais d'air aux jeunes filles en surchauffe qui attendent leur bus sous un soleil de plomb.
Mardi 31 juillet 2007 à 18:42
Lundi 30 juillet 2007 à 3:12
Voici mes petits mots de vacances :)
accompagnés de la pellicule photo yoyomoncousinchéridamouuur & moi
Midi du 14 juillet - Nice
Ici il y a le soleil et les paroles faciles. Les gens souriants qui arpentent les rues. Vont acheter du pain regagner la plage ou faire une salade composée avec beaucoup de couleurs dedans et des choses croquantes et niçoises. Ca fait du bruit sous les canines les nappes sont pleines de fleurs et des sons inhabituels se glissent entre les rideaux pour entrer par la fenêtre en même temps que le petit air venant tout droit des vagues pour l'après-midi. Ca sent le café à la cuisine. Les uns s'affèrent à la vaisselle, les autres préparent les serviettes et les maillots. J'ai pris la route de Hyères à Nice. Atterrissage promenade des Anglais plages de galets nous allons chercher le restaurant où travaille Yoann. Pas programme juste celui de divaguer entre sable et sel. Trouver l'eau gelée en y trempant les pieds. Profiter du soleil de fin de journée, enfiler des tongs pleines de sable qui gratte et trouver ça très estival.
Au petit matin du 15 juillet
Il y a tellement de livres que je passe mes nuits à les contempler. A en lire le titre sur la tranche, à les sortir un par un pour observer la couverture, lire le petit résumé, au dos. Tout en sachant pertinemment que la courte durée de mon séjour ne me permettra pas d'en lire un en entier. En réalité j'aimerais avoir le temps nécessaire pour pouvoir tous les lire en les choisissant dans l'ordre exact de leur disposition. J'aimerais aussi demander à Yca si elle les a réellement tous lu. Et aussi ceux de l'entrée, les dizaines de recueils de poèmes, et ceux des toilettes. J'aimerais tous les lire minutieusement jusqu'à trouver celui qui changera quelque chose à ma façon de penser. Celui que je pourrais relire encore et encore en trouvant toujours des choses invisibles à la lecture précédante. Comme lorsque l'on fait la poussière et qu'il y a toujours quelques particules qui retombent alors on peut nettoyer encore longtemps tout en sachant qu'il en retombera à chaque fois quelques unes. Il me faut un livre à particules. Inépuisable.
Dans l'après-midi du 15 juillet
Le visage enfouie dans le matelat pneumatique je voyage au fil des flots. Je zigzague sur mon navire en plastique. Droite, gauche, avant, arrière. Je me dirige à coups de pieds et de bras énergiques. Des têtes de nageurs dépassent de l'eau que j'esquive aussitôt. Je vais jusqu'à la bouée. On va toujours jusqu'à la bouée, la rouge et blanche rayée, ou la jaune, pour les plus courageux. La plage au loin ressemble à une fourmillière après que l'on ai donné un bon coup de pieds dedans. Des petites bestioles qui marchent qui cheminent le long du bord qui entrent dans l'eau qui en ressortent. Je cesse mes mouvements afin que les vagues me ramènent d'elles même jusqu'au sable.
Dans la nuit du 16 au 17 juillet
Il est 2h 41 et je sais que je ne fermerais plus l'oeil de la nuit. Lou est recroquevillée à côté, les lits de refuge sont marrants car on a un grand lit tout long pour au moins vingt personnes. Pareil en bas, et de tous les côtés, des immenses lits partout avec des brochettes d'inconnus qui dorment. Je me suis réveillée sous le bruit d'une dame énorme et je me suis mise bien malgré moi à analyser chacun des bruits de chacune des personnes du dortoir. Chaque soupir répété, chaque ronflement. J'étais pourtant persuadée qu'il était sept heures du matin. Que neni. Me voilà virant tournant dans mon petit périmètre personnel du grand lit pour vingt ne sachant pas combien d'heures cela va bien pouvoir durer ni si l'homme du bout va bientôt faire une pause à son concerto étourdissant.
Le 17 juillet, au réveil
J'ai dormi moins longtemps que ce que l'on prévoit de marcher aujourd'hui. Chocolat chaud qui fume, eau chaude plus poudre marron, du thé au chocolat c'est dégoutant. Les tables sont toutes en bois et les gens observent minutieusement des cartes de montagne étalées dessus. Chacun prévoyant son itinéraire de la journée. Je rumine que je veux rentrer comme un enfant dans une voiture qui en a marre du voyage lancinant et qui en plus, a envie de pipi. J'entends dire tiens si on faisait la boucle de cinq heures? Oh non oh non s'écrie la gamine mais rien n'y fait.
L'après-dîner du 19 juillet
Il est tard, l'heure de sortir se ballader dans les rues de la vieille ville. Je sors sur le balcon l'air est doux. J'ai attendu les nuits d'été depuis si longtemps que je les savoure chaque soir depuis mon arrivée. En face le stade de foot à peine éclairé. Et un homme qui fait des tours en courant dans la noir. Max arrive et lui propose en criant un coca avec une rondelle de citron. L'homme répond que c'est mauvais pour les sportifs. Nous restons là à observer le coureur nocturne infatiguable. Lou arrive je la porte à hauteur du balcon. Elle chuchotte "Il trouve pas le ballon le monsieur?". Le reste de la soirée sera comme une glace chocolat-vanille aux petites amandes effilées.
Le restaurant-plage du 20 juillet au soir
Un groupe organise un pique-nique plage à la lumière du petit restaurant où l'on se trouve. La table bringuebale au bord de l'eau. Je tiens quelques instants supplémentaires le temps de finir mes penne au saumon, quitte mes chaussures sous la nappe blanche et entame ma progression vers le large. L'eau paraît toujours plus chaude le soir, et l'air plus froid. Au loin, des lumières tracent des lignes sur l'autre berge, des petits chemins sinueux qui ressemblent à des guirelandes de noël en plein été. C'est presque l'heure du dessert. Un couple dîne au bout du ponton Gilles pense que c'est pour une demande en mariage la nana devrait s'en douter on guette la sortie de la bague. Ici le voiturier voyage en bateau à moteur. Il part chercher les gens sur leurs bateaux au milieu de la mer et les amène au restaurant. Le groupe aux guitares du pique-nique plage me donne des envies de sandwich à défaut de me joindre à eux je m'installe sur les galets froids du bord de l'eau ainsi je peux profiter de leurs chants et de leur bonne humeur. Je m'allonge et pose de la musique dans mes oreilles. Je me fixe en direction du ciel aussi noir que de l'encre de sèche et reste immobile ainsi un temps indéterminé.
Le 22 juillet dîner dans le petit cabanon de Cuers
J'aime la position que l'on a lorsque l'on s'allonge dans un hamac. Les pieds et la tête qui remontent en pente douce tandis que les fesses retombent. Et le fait que l'on pourrait aussi bien être en pleine forêt suspendue à deux arbres que l'on ne connaissait même pas avant d'arriver. Je sens une couette chaude s'allonger de tout son long sur moi et l'en remercie. Ma robe était trop courte pour couvrir le bas de mes mollets. Je m'emmitoufle tout en me disant qu'il ne serait finalement pas trop grave que je m'endorme. Rassurée par les bruits de repas un brin familial qui se déroulait à quelques mètres de moi. On me propose de la tarte que je refuse au creux de mon sommeil. J'aime ces moments où l'on s'assoupit en sentant de la vie qui s'agite tout autour, les oreilles qui frétillent sous le coup des verres qui s'entrechoquent, des rires et des voix que l'on connait si bien.
L'après-plage du 24 juillet
Le quai est recouvert de gens aux visages d'eau. Les maillots de bain dépassent des tee-shirt et des hauts de pantalon. Certains portent encore leur serviette de plage sous le bras. Ce n'est pas un quai grenoblois. Ca sent l'eau de mer et les chaussures qui démangent. Les gens transportent à bout de bras leur petit bout de plage de l'après-midi. Toulon gare. Notre train est supprimé. Le quai s'entasse. Marée de sable qui jonche tous les fauteuils et même les rembardes d'escalier. Si ça continue les enfants vont pouvoir faire des châteaux de sable sur les voies et je pourrais m'installer sur ma serviette entre le guichet et le composteur. Le prochain train a trente minutes de retard. J'ai quitté la semaine à Nice pour une semaine à Hyères. Si le soleil tenait dans des bouteilles je pourrais ravitailler tous les supermarchés de France.
Le 25 juillet à midi
Un jour on m'a dit tu aimeras conduire tu te sentiras voler au-dessus du sol en suspension dans l'air et te déplacer rapidement à quelques centimètres de l'asphalte. Alors à chaque fois que je prends le volant je guette mon impression d'envol. J'y songe souvent presque à tous les coups. J'attends l'autoroute pour enfoncer la pédale d'accélération jusqu'à la remarque qui vient tôt ou tard au détour d'un virage pour me suggérer de ralentir. Alors je replis calmement mes ailes. J'ouvre la fenêtre et écarte les quelques mêches de cheveux prisent dans la commissure de mes lèvres. J'observe dans le rétroviseur les têtes dodelinantes à l'arrière, la voiture sent le sommeil. J'ai toujours joué le rôle de celle qui dort sur la banquette arrière. Maintenant cela m'est impossible et je ressens comme l'impression d'avoir grandi soudainement sans avoir prévenu personne.
Début de soirée du 25 juillet
Il est l'heure de ceux qui rentrent tôt, de ceux qui rentrent à la première brise. Qui suivent le soleil pour regagner l'horizon lorsque l'ombre de la petite bordure de bois atteint les vagues qui viennent d'échouer de plus en plus haut. L'heure où les maillots de bain sont secs, rêches et bon à laver, celle où les baigneurs se font rares.On se rhabille, le monsieur ne crie plus pour vendre ses beignets et le glacier ferme. Je rentre par la longue route de l'almanarre qui borde les sortes de rizières qui rendent le paysage plus plat que plat. Je commence à avoir faim, je ne suis pas complètement sèche et le vent se lève. J'ai lu trois romans de Marc Levy depuis que je suis arrivée. Tous adressés à un certain "Louis", j'ai appris plus tard qu'il s'agissait de son fils. Je suis une petite assoiffée de livres qui a lu tout ce qui se trouvait dans sa valise. J'ai lu tous les journaux de la maison, les moindres rubriques de magasine télé et même les histoires de baleines. J'ai fais une pile de mes trois romans et il ne me reste pas une ligne dans que je n'ai pas déjà lu. Si ça continue je vais finir par m'attaquer aux recettes de cuisine de derrière les sachets de sauce béchamel.
Mercredi 11 juillet 2007 à 21:35
Fin de semaine et départ en vacances de demain midi.
j'aime mes créations de pâte à sel nocturnes de ces deux derniers jours je n'ai encore rien trouvé pour ce soir.
Ca me prend en général aux alentours de vingt trois heures alors je sors farine sel et eau et je malaxe puis je sculpte et je cuis puis je peins. L'oeuvre s'achève au milieu de la nuit lorsque je me dis que ça importe peu si je lis encore quelques minutes vu l'heure qu'il est et lorsque mon temps de sommeil ne se compte plus qu'en quelques poignées d'heures bien maigrichonnes.
Je fais tantôt une baraque tantôt un coquetier pour une collectionneuse de coquetiers et de livres du petit prince de saint exupéry dans toutes les langues alors j'ai allié les deux collections dans un baobab qui encercle les oeufs de ses branches tirebouchonnantes.
Lou se ballade dans la maison en agitant sa tirelire elle fait la manche aux sous du moment que c'est nombreux et que ça fait du bruit ça lui va je lui ai déposé dix centimes en pièces de un elle était aux anges.
Ma robe était celle de droite, la noir et blanche à motifs à côté des deux magnifiques petites demoiselles d'honneur qui tenaient les alliances. Cétait une robe à forêt.
Mardi 10 juillet 2007 à 19:05
J'entendais les autres s'amuser au loin à l'anniversaire de Vivien, à l'autre bout du fil brulant qui tressaillait sous les échos des chants et de la fête qui parvenait jusqu'à moi.
Je l'avais appelé à 7h07 le 07/07/07 pour ses dix-huit ans.
Comme convenu lorsque j'avais annoncé que je ne serais pas de la partie faute de mariage.
C'était un beau mariage, des invités souriants qui groupillent entre les brownies et les baklavas et sont heureux d'être là. J'étais un peu chez Vivien imaginant ce que faisait telle ou telle personne à tel ou tel moment, partis du principe que s'aurait été forcément mieux labas.
Et la soirée s'écoulant je me suis laissée engloutir petit à petit par ce flot de danses, de feux d'artifice, d'amour contagieux et de champagne pour finalement ne plus penser qu'à l'instant présent et apprendre qu'il pouvait aussi être agréable, même à quelques dizaines de kilomètres des dix-huit ans de l'autre grand.