
Ce soir c'est Paris et j'ai déjà des frétillements dans les jambes,
l'impression d'être en retard alors que le départ n'est que dans deux heures.
Je pense que demain matin je serai de permanence à Estienne
et que le soir nous irons danser pour les 19 ans de Jessica.
Je ne sais pas du tout où habite cette forêt qu'elle a pris en photo,
qui est tombé sur mon parquet lorsque j'observais ses croquis,
que je me suis dépêché de scanner, mais je la trouve resplendissante.
On dirait que la lumière passe en elle comme des doigts de détenu entre des barreaux.
Je voudrais dire à mon voisin du deuxième étage que je serai à 500 km de sa crémaillère ce soir,
mais que ça aurait vraiment été avec plaisir, et que peut-être qu'un jour,
on se croisera à la boîte aux lettres. C'est quand même drôle cette histoire,
de se dire qu'un inconnu lit ma vie à un certain nombre de mètres sous mes pieds.
Qu'il a découvert qu'on habitait le même lieu, sur la photo où Alex et Jess posent devant la porte de l'immeuble.
Je trouve ça tordant, l'ambiguïté du hasard qui relie les gens par tous les moyens.
Ce soir, je m'évade de ce vague à l'âme, ce spleen, ce serrement de coeur qui recouvre mes murs
depuis une semaine.