Sans-queue-ni-Tige

                     Le petit garçon noir de devant moi mange une énorme glace à la vanille qui lui dessine un cercle blanchâtre autour des lèvres. Je n'ose pas demander de photo à la mère. De toutes façons j'ai oublié mon appareil. Elle pose sa main protectrice sur la casquette américaine du gourmand et me lance un sourire. J'ai les yeux qui crient magie et le ventre qui crie vanille. Moi on ne me pose plus la main sur la tête pour me dire que l'on m'aime.

                        Je suis cette jeune fille qui a du sable plein les chaussures et qui observe les pants de mur et les grues de la ville avec des envies de photos. On pourrait s'embrasser. Le tram court sur les rails. J'aime les matins qui sentent l'arrivée en avance et me permettent d'observer les têtes endormies passer les portes du lycée. Voir le lever du soleil. Loin de la mer et des amourettes de vacance seuls sur une colline, mais beau quand même. Le ciel qui rougit. Comme d'autres. Je baille énormément. A cause des gens. Hier un monsieur noir de 66 ans habillé tout en blanc très classe qui en imposait un max m'a parlé d'amour. De la vie et de la conscience de notre existance grâce à la vision de celle des autres qui nous entourent. Assis en face de moi. Robin à côté qui regardait le ciel par la fenêtre avec une énorme envie de s'éclipser au prochain arrêt. Moi je contemplais tour à tour les dorures des lunettes du sage et la blancheur de sa chemise. Il en connaissais un bout et m'impressionait. Il est redescendu une demie-heure plus tard lorsque la voix féminine eut fini de scander "Victor Hugo" en me disant qu'il avait été heureux de bavarder avec celle qui aurait pû être sa petite fille. Il est sortis avec sa chemise et ses lunettes et a emporté tout son savoir vers un autre jeune avide d'en apprendre davantage sur les innatendus de l'amour.

                       Les garçons intelligents m'impressionent. Les nuls aussi, les mordus de politique et les mordus d'amour. Ceux qui vous laissent leur numéro de téléphone sur le cadenas de votre vélo et qui vous offre des fraises. Le petit mignon qui rougit et qui a de belles mains et de belles expressions du visage. Comme ce petit regard et ce bref sourire qu'il répète naïvement sous votre nez pendant que votre machine à boumboum manque de lui exploser à la figure. Hésiter sur les mots. Répéter la même chose. Bafouiller. Et ce regard qu'il vous lance. Répéter encore. Savoir quoi dire mais ne pas y parvenir. Rougir à votre tour. Vous gratter le coude. Ne plus savoir quoi faire de vos bras. Les sentir soudainement longs de deux cent mètres et inutiles. Etrangement inutiles. Sentir une douleur dans votre coude. Arrêter de gratter. Ne plus répéter. Mettre Patxi à fond et creuver d'envie de lui chanter s'embrasser.

            Yo m'a poussé les fesses jusqu'à l'appart. Rue de Paradis. Ici il y a des oiseaux peints sur les murs. Il a brûlé mes poils de bras et on a troqué des débarrassages de table contre des calins. On a même mis des choses moches ressemblant étrangement à des bonnets de bain sur nos têtes pour faire du karting. Et j'ai perdu. Car j'ai fais un bidule avec le mot sucette dedans. Façon je suis une fille et les filles c'est pas fait pour le karting. On a mangé des pâtes avec une super sauce. Il a fait un super temps et la couette est de toutes façons super douce. Yo est affalé, fatigué. Exténué. Il a gardé son jeans et n'a pas eu la force de grimper les marches du lit. Demain c'est plage. Et lundi ce sera écharpe. J'ai promis à Jess de lui ramener du sable dans mes chaussures.

Je m'incruste chez toi Blondasse, j'dois faire passer un message, tu permets...

WANTED: adresse email de Jessica's mother

 (J'lai perdu m'dame, je vous jure c'est pas de ma faute. Alors moi j'peux pas repondre à l'email tres tres vieux que vous m'aviez envoyé)

Bon je mets un ptit quelque chose histoire que cet article ai un minimum d'interet, dixit Jess:
"J'kiff comme on est belles. Enfin moi quoi parceque bon Lou est laide comme d'hab'."

Ouais même que Lou elle s'entraine pour avoir le même sourire que la nana qui fait la pub contre la contispation passagère.
J'arrete là, de toute façon, c'est cuit ce soir j'ai un coup de téléphone

"Biwiiiiiiiiiiiii qu'est ce que t'as foutus sur mon blog?"

Biwi - Hélène - La fille qui est du lycée à Jess pour faire "bien" aupres de la Maman mais qui en vrai est la copine de Lyon.