Nous sommes à Buda, pour Pest il faut le tram. Nous sortons des bains. Bains de bulles bains de glaces. Bain d'eau chaude. 40 degrés puis sauna à 80. C'est beau c'est un château. La prof montre ses seins et on tourbillonne dans l'eau. J'ai mal à l'épaule. On a fait Flipper sur le dos de Robin et bu la tasse. On se sèche les cheveux. La chaleur des termes émane encore de mon corps tout entier lorsque nous sortons tous dans la rue. Il fait nuit. Ma peau fume dans le noir. Il fait froid. Nous avons quartier libre. Dans Buda. Nos chaussures choquent l'asvalte et crient dans les virages. Bientôt Jess me prend la main et court. Court court. S'envole par dessus le trottoir. Elle serre fort mes doigts j'ai les pieds qui pédalent. Je manque de tomber. " Plus vite. Plus vite… " J ‘atterris essouflée dans le coin d'une table de six d'un petit restaurant italien. On nous raconte des blagues qui parlent de chat sur une lampe et de panthère dans le désert et on paie en florins. Il y a cette ambiance conviviale d'indépendance. Cloé sourit. Elles sont belles. " Elle est beeeelle Cloé. " Le monde entier sourit comme un bennet et nous avec. On suffoque de joie. On est en Hongrie. Il fait froid. Nous remettons écharpes et passons faire pipi. Happée par une envie de musique nous suivons nos oreilles qui nous mènent calmement jusqu'à la porte d'un petit pub diffusant de vieux films en noir et blanc. Il n'y a qu'une blonde au manteau rouge. Qui attend au coin d'une rue. Et elle est amoureuse. L'histoire est muette. C'est une télé pour l'imagination. Maurane fait les voix. Nous rigolons. On a des verres qui font tchin. Et il y a ce groupe au fond de la pièce. Derrière la rambarde de bois à côté du bar. Un homme au saxo joue dans l'escalier et je déplace mon fauteuil. Je vois la batterie et la basse. J'écoute la vie sous forme de bruits. Cette lente musique qui apaise rappelle que putain qu'est c'qu'on est heureux. On veut les Beattles. 23 :00 sonne. Il est l'heure des piles de florins sur la table de bois. Le serveur n'a pas assez d'une main. Moi je me dis juste que dans cinq minutes je courrais et que mes pieds feront boumboum. On rejoint l'hotel avec tout le monde. Les clients du marchand de sable prennent l'escalier, prennent le pyjama et les clés. Je pose mon pieds sur le seuil de la porte. Jess me prend la main et on se remet à courir. On revient ! Cinq petites minutes ! Nous voilà sur les dalles de l'avenue. On file droit. " Tu vas voir. " Je vais voir. On rejoint les quais, l'eau. Les lumières sur l'autre berge. La nuit qui englobe tout. Les bateaux amarés. Debouts et seules. Immobiles et silencieuses. On observe. " Ne te retourne pas et bouche tes oreilles. " Les colle mes paumes sur les cheveux qui recouvrent mes oreilles et attend. Jess derrière moi. " Retire tes mains. " J'enlève mes paumes et elle m'injecte une forte dose de Paolo dans les oreilles. La 03. Chut et j'écoute. J'écarte un peu mes jambes et laisse tomber sur le sol le pull gris coincé entre mes genoux. Je monte sur le premier barreau de la barrière de fer. Face à l'eau qui fait des vagues et reflète les lumières de la ville. Jess regarde aussi. La musique m'emplit. J'ai Buda sur un fond de Paolo. Le froid et mes pieds me font plus grande. On marche un peu Jess court. Il y a du sable tout à coup. Je plaque encore plus fort les écouteurs sur mes oreilles enchantées. C'est beau. Des hommes nous crient quelque chose en hongroie du haut d'un pont. Nous rejoignons lentement l'avenue. Et ses bruyantes dalles. Jess entend sans doute à ce moment là le son de mes talon mais moi je suis envahie par Paolo. Au loin des enfants sortent et tapent dans des ballons. C'est si étrange. Pour une heure si tardive. " Tu prends le blanc je prend le bleu. " Nous passons doucement. Je me baisse. Elle se baisse. Et choppons deux ballons. On les embarque sous le regard étonné de leurs jeunes propriétaires. Deux jeunes filles qui passent sans même ralentir. Ni accélérer le pas. Deux voleuses un peu folles. Sur le mien il y a marqué I am Wilson au marqueur rouge. Puis nous tapons dedans. Ils volent en l'air sans toucher le sol. Mes yeux s'égarent dans les étoiles entre deux rattrapages. Tappe-tappe. Nous repassons devant les enfants. En faisant virevolter les ballons au-dessus de nos têtes. Ils virevoltent et persévèrent dans leurs lancinant parcours céleste. Tournons à droite pour l'hôtel. On s'assoit sur le trottoir. Les pieds dans la rue. Les ballons sur le ventre et on s'allonge. Là. Ici. Car on en avait envie. Il est 23 :22. Une tête apparaît. " Vous avez bu les filles ? "
Galeria Kaufhof, le bus file, la nuit aussi. Le monde entier pleure. J'entends des bruits de mouchoirs et de chagrin. Au revoir WIen, au revoir Budapest, au revoir Munich et ses champs élysés. Le monde entier pleure. L'arrière du bus se noie sous des larmes odeur de bière et de déprime passagère. C'est chouette. Entendre des on n'se reverra jamais et d'autre renifler. De belles paroles pour réconforter et la petite télé qui crie Lily Marlen.Le monde entier pleure et s'embrasse. Avec la langue histoire de. Pour marquer le coup et prétexter la bière. Lily Marlen danse dans sa robe à paillettes et Cloé contemple les dernières lueurs de notre long périple.