Sans-queue-ni-Tige

Je l'ai eu au téléphone et il était si heureux.
Si fier, de pouvoir dire enfin ce genre de phrases, fier de faire des choses comme ça,
de pouvoir me raconter ses choses, de me dire qu'il ne s'ennuie pas,
que c'est impossible, que 2009 est résolument une belle année.
J'étais devant l'opéra, je n'arrivais pas à entrer dans la bouche de métro
car je savais bien que ça couperai immédiatement,
alors je restais au téléphone, sans rien dire quelquefois et j'avais cet immense sourire,
pourtant il faisait froid, je rentrais mes mains dans mes manches et crispais mes doigts de pieds.
Pourvu de ne pas raccrocher, pas tout de suite, de l'écouter encore.
J'aimerais parler de ma vie avec la même intensité, et ensuite lorsque j'ai descendu
les escaliers qui mènent au métro, je l'ai fais en courant.

mon petit fugifilm n'étant pas encore terminé, je vous poste une surprenante image de sophie urbani.
peut-être que si la solitude devrait se trouver précisément sur une parcelle de notre corps ce serait à cet endroit là.
plutôt intouchable. c'est un endroit qui doit être bien seul, pour les personnes qui ne sont pas caressées.
J'ai acheté un larousse illustré de 1950 qui ne va pas tarder à rejoindre ma boîte aux lettres,
j'ai hâte de voir ses pages de gravures d'oiseaux et autres végétaux, ses dessins de ménagères.
Les lundis sont toujours plutôt difficiles, le bruit du réveil est plus triste que tous les jours qui suivent.
Demain nous partons en bus, toute la classe pour aller jusqu'à mon ancien lycée, pour le mois du graphisme d'échirolles
j'ai un petit peu peur de revoir ces professeurs, ces élèves, cette boulangerie, en face.
Je ne sais pas si je serais enchantée de reprendre le bus ensuite, pour revenir ici dans ma ville d'adoption.

Je me suis achetée un appareil photo jetable.
Un petit blanc, Fugifilm, sans option flash, car c'était moins cher.
J'ai commencé par prendre la vue de ma fenêtre. Je crois que c'est souvent ce que l'on fait
après l'achat d'un appareil photo, et c'est souvent ce que l'on fait au moins une fois, dans tous les cas.
C'est pas vraiment beau, mais j'aime la façon dont le mur en béton d'en face entre dans le ciel.
Lorsque je veux prendre une photo, je dois faire rouler la molette qui craque jusqu'à ce qu'elle s'arrête.
Je n'ose pas encore, mais j'ai hâte de prendre des photos d'humains.

Mes gants sont 100% chevreau ceux de Lilian 100% agneau
il a raison de préciser qu'en cas de crise, si l'on a même plus assez de sous pour s'acheter à manger,
on pourra manger nos gants, revenus à la poêle dans une lichette de beurre,
avec quelques petites pommes de terre.
Rien ne me donne autant de bonheur que Zoé, bien souvent je m'endors avant la crêche,
je me réveille et dans le métro il fait déjà nuit, je suis bougon, mélancolique de mon lit chaud.
Et puis je la vois, elle cavale dans mes bras et pour elle je souris, pour elle je parle plus aiguë,
on rentre en décrivant toutes les vitrines surtout celle de la pharmacie de la rue de la république
qui est remplie de singes, d'ours et de lions articulés.
Et après deux heures de cubes, lorsque je quitte l'appartement, après l'avoir remise au papa,
je suis vraiment, la plus heureuse, je marche un peu, jusqu'au métro,
c'est un instant très agréable sans que je sache réellement si c'est dû entièrement à cette fillette.
Je me dépêche, il est plus de vingt heures, je passe devant des choses délicieuses
comme le bal des ardents, avec ses livres dingues en expositions.
Sur la porte il y a écrit "la librairie ferme à 19h30" alors bien plus tard, lorsque je passe, que je vois de la lumière,
et le monsieur à son bureau, je pousse quelquefois la porte discrètement pour demander si finalement, c'est encore ouvert.
Et biensûr c'est toujours oui.