C'était bien la première fois, la toute première fois qu'ils voyaient ça. On pouvait apercevoir des dizaines de visages collés aux fenêtres, les yeux en forme de melon, la bouche en forme de bille, qui observaient inlassablement la dégringolade du ciel.
- Peut-être que c'est le ciel qui meurt ?
Puis, petit à petit, ils avaient souffert du froid. Mathias avait regardé Anna, ses quatre tee-shirts superposés étaient tellement trempés qu'à certains endroits on pouvait entrevoir sa peau. Pour sa part, Mathis avait l'impression que son peignoir pesait le poids d'un semi-remorque de peignoirs. Ils s'étaient donc réfugiés sous le petit porche de madame Millerose, à plus de cinq kilomètres de chez eux. Ils avaient lu son nom sur la boîte aux lettres et avaient pensé chacun de leur côté qu'avec un nom qui sent autant la fleur, on ne peut qu'accepter que des inconnus viennent s'abriter sous votre porche. Debout, entre les jonquilles et les cailloux, ils attendaient que ça cesse.
Et ça ne cessait pas.
Biensûr que la première neige du monde, elle n'allait pas cesser en deux heures. Mais à vrai dire ils n'en savaient rien. Elle n'avait pas de nom non plus, pas de nom, pas de durée, de dimension. On savait juste qu'elle était blanche, froide et étendue. Comme si elle se tricotait toute seule. Et qu'elle n'avait pas le vertige, à la voir tomber comme ça et passer des heures sur les toits, on pouvait s'en douter.
qu'est ce que j'aime...
Bisous doux.