Sans-queue-ni-Tige

A la demande de Gracile, voici, à la Amélie Poulain, trois petits plaisirs de la vie qui me font frissonner de bonheur :

- Lire une jolie phrase dans un livre, corner la page et passer ma journée à attendre de rentrer à la maison pour pouvoir la noter dans mon cahier des passages préférés de livre. relire la page, retrouver la phrase, noter, si je ne retrouve pas la phrase du premier coup, je laisse tomber, c'est qu'elle n'était pas si bien.

- Marcher dans un couloir ou dans la rue et laisser glisser ma main le long du mur sans m'en détacher. m'immobiliser quand des gens arrivent en contresens pour qu'ils se décalent, puis continuer mon chemin. suivre les renfoncements des fenêtres, et des portes.

- Ecouter en boucle les 8 premières secondes de "Los peces" de Lhasa et se retrouver au soleil dans un film qui parle d'un meurtre dans un petit village espagnol avec des arbres plats et des maisons chaudes.

marion du jeudi midi que j'embête pendant qu'elle apprend les os avec ses professeurs sur ordinateur écouteurs
yoann sur les bords de l'Isère, sur nos marches larges. sac de pâtes en pots.
soleil et coups de soleil, vendredi.

                                      j'ai retrouvé le chemin de l'école. je me suis reveillée avec l'envie poisseuse de ne pas y aller. pas juste le fait de trouver que c'est résolument un peu tôt que le réveil sonne, juste un moral en dessous des chinois, de commencer par un mercredi terrible pour finir par un vendredi sport, et il faudra bien grimper, cette fois-ci, au moins une fois.
papa avait promis un coup à boire, après le postage des dix planches qui ne faisaient même pas une cabane. alors hier, 17h50 j'enfilais mon manteau. et le fréro en haut de l'escalier, mais vous allez où? mais nulle part! on a été là où sur les ardoises en coeur le vin chaud est à 3 euros. on a parlé du concours et trinqué à mon échec. pourvu que ça plante.
tous les deux sur les banquettes vertes. je pensais au fait que j'écrirais ce moment et peut-être y pensait-il aussi, a ce moment là. il savait que j'aimerai. sur le retour à la radio, les humoristes, je les ai tout de suite reconnu à leurs intonations de voix. ça m'a rappelé pendant le divorce. lorsque maman dormait en bas. alors le week end je prenais mon oreiller bien après minuit. et j'allais chez papa, j'arrivais doucement. au début sans oreiller puis je m'étais rendu compte que le mien était mieux que les siens. j'arrivais je me couchais ici, et on regardait la télé en face du lit. je ne sais pas combien de temps affalés sur la couette, je m'endormais, en dix minutes et le lendemain je retournais dans mon lit au lever du jour, pour que maman vienne me reveiller.
mais à la télé, ce que l'on regardait chaque fois, c'étaient ces deux humoristes. ceux de la radio d'hier au retour du bar.

A 14h j'ai tout glissé dans l'enveloppe, nous sommes allés à la poste
sur la petite table devant le guichet j'ai tout ressorti, car biensûr j'avais oublié d'écrire mon nom au dos.
biensûr. Ensuite j'ai aussi oublié mon stylo, sur le guichet. Mais je crois que l'enveloppe est partie
il y a 37 minutes. C'est nul, je l'aimais bien ce stylo, il était tout neuf de vendredi, un noir, un super.
En sortant de la poste j'ai eu mal à la tête, et maintenant aux genoux, je bouge plus de ma chaise,
je crois quand même que je vais aller dormir, sur le canapé.
Max va pas tarder à rentrer de l'école, ah non, j'entends la porte, à l'instant, en bas.
J'ai mal au genoux droit comme si j'allais grandir de cinquante centimètres en une minute trente.
Ca serait moche, et sur le flanc des montagnes, je pourrais aller que dans un seul sens.
Demain je retourne à l'école, je n'y suis pas allée depuis jeudi dernier.

10 PLANCHES