Jeudi 24 avril 2008 à 0:49

Pour aller au bus je passe devant chez Véro. Véro, c'est la nounou de Lou, maintenant, de moi, avant.
de moi déjà grande, j'y allais juste le midi.
Elle faisait toujours trop de choses bonnes à manger.
Max disait sans cesse qu'il pouvait pas tout avaler.
il y en avait vraiment beaucoup c'est vrai.
quand je revois cette maison je pense à la tâche. la tâche au plafond dans la chambre de son fils.
maintenant c'est un grand il traîne avec ses copains dans la rue.
elle venait de les repeindre, les plafonds. alors on avait paniqué.
J'avais dis c'est pas grave, sortis mes petits tubes de gouache d'arts plastiques.
j'avais repeins juste l'endroit de la tâche avec la gouache blanche totalement différente de la couleur du plafond. puis j'étais descendu du bureau et j'avais regardé mon oeuvre en l'air.
et j'avais trouvé ça effroyablement raté. j'étais honteuse d'avoir fais quelque chose d'aussi moche.
d'aussi décevant. cette impression je l'ai eu deux fois dans ma vie.
La première fois était bien avant, c'était avec papa qui m'avait demandé de découper bien droit des papiers importants.
J'avais pris mon petit ciseau, et j'avais tout raté. C'était pas droit, même pas penché.
c'était, ça faisait des boules de papier, le bord ne ressemblait plus à rien du tout.
pire que si je l'avais déchiré à la main.
J'avais tout découpé, tous les contours qu'il m'avait demandé et je lui avais apporté mon carnage final.
il l'avait pris dans ses mains, tous les papiers dans ses mains.
j'ai jamais été aussi honteuse, le pire, le pire c'est qu'il a tout regardé, et qu'il a dit
merci, c'est très bien comme ça.
avec un sourire, oui il avait bien du ajouter un sourire sans doute.
Moi je voulais seulement dire mais non mais non c'est affreux je jure que je peux faire mieux.
je savais qu'il savait que c'était affreux et il ne disait rien.
Pour aller au bus je passe devant chez Véro. Véro c'est la nounou de Lou maintenant.
aujourd'hui il fait beau, un soleil à mettre tous les enfants dehors.
alors Lou et tous ses potes de nounou étaient devant, juste devant, aux quatre bancs.
Je suis passée doucement mais elle m'a vu.
au début elle hésite toujours, puis elle regarde mieux et je vois ses yeux, ses yeux et son sourire,
à cet instant tout est magnifique vraiment.
elle cavale. cette impression d'un enfant qui court sur vous, c'est pour personne d'autre ces pas à toute allure, rien que pour vous, il va pas vous rater ni vous dépasser je veux dire.
Elle est venue s'effondrer dans mes bras la tête dans le cou avec sa voix toujours la même qui murmure jessica jessica. je savais bien qu'en restant comme ça le bus partirait sans moi.
elle a dit tu vas pas me prendre, tu vas retourner chez ton papa michel encore?


Mardi 22 avril 2008 à 15:42

Le type m'a croisé en plissant les yeux, il était sur son vélo,
et on s'est un peu marré en même temps parceque moi aussi je plissais les yeux hyper fort
à cause non pas du soleil mais de cette pâte blanche qui inonde le ciel.
et hier soir je ne dormais pas. j'essayais même plus de les fermer mes yeux.
J'étais étalée à plat sur mes draps pendant des heures je me disais seulement en boucle
dans ma tête il va falloir aller écrire ce que tu as en toi. le portable mort de batterie,
l'ordinateur éteint et les crayons bien trop loin. Je me disais seulement il n'y a pas de solution.
en même temps plus j'y réfléchissais moins je me voyais devant un écran ou le stylo à la main.
J'en ai conclu que quelquefois il faudrait posséder un autre moyen d'enregistrer silencieusement des mots.
je pense que les vacances sont simpas, qu'il faut en profiter pour boire un maximum de chocolats
et manger un maximum de petits chinois.
faire des choses drôles, perdre du temps et pouvoir en perdre autant le lendemain.
je me réveille en sursaut à 5h puis je fais réécrouler ma tête sur l'oreiller avec le mot vacances en énorme
dans ma tête, ça imprime mal.
je voudrais profiter de ces vacances pour passer beaucoup d'heures dans un même lieu.
On déciderait, un lieu, une heure de début, pas de fin. On pourrait s'assoir biensûr.
j'aurais mon carnet ma trousse, il y aurait des choses à voir, personne qui embête qui que ce soit.
ce genre de lieu où l'on ne se sent pas de trop, qui est, fait pour
fait pour rester autant de temps qu'on le désire avec des choses à voir, pas de vent de froid,
rien qu'un petit nid mouvant, deux trois choses qui se baladent autour, des couleurs quoi.


Dimanche 20 avril 2008 à 22:55

Samedi 19 avril 2008 à 15:13

Je finis les fraises à la maison dans leur petite barquette en plastique.
Je suis rentrée et les pains au chocolat étaient secs, il reste des compotes.
Ce sont mes petites courses de début de semaine, j'avais l'impression d'être une maman
dans les rayons mais pas exactement. Je me demandais seulement de quoi as-tu envie jessica
pas des choses comme il faut penser aux pansements pour léo et à la purée aux carottes.
Je ne pense pas vraiment que c'étaient des courses d'adulte.
C'était bien, ces derniers jours. C'était un peu comme "Désir, désir" de Laurent Voulzy et Véronique Jannot.
C'était se réveiller tard, dans le jour qui a avancé sans nous, le soleil qui commence à pencher.
Se balader le feutre en coin de bouche, une crêpe roulée de l'autre côté. manger sur les toits, sur la terrasse-toit.
Trois jours que Monoprix n'a pas reçu de nouveau coca il y en a tout un rayon, du lemon, du truc
du bidule du vanille du zéro du light. trois jours qu'ils n'ont pas reçus de vrai coca pas faux.
C'étaient les vacances vides, remplies d'improvisation, d'idées, d'envies, pleines de petites choses drôles douces. 
un peu comme vivre en bord de mer, ou directement sur le sable, se retourner, à droite à gauche, aller dans l'eau, revenir sur le sable regarder le ciel et ne rien avoir à faire d'autre que ces quelques choses que l'on met dans l'ordre que l'on veut. à deux.

Mercredi 16 avril 2008 à 12:23

J'ai rêvé de Mélanie D. Je n'ai pas rêvé de Mélanie D. directement, mais de sa petite soeur.
Je ne crois pas qu'elle ai de petite soeur pourtant. J'étais dans la rue, assise sur le bord de la rue,
je ne sais plus vraiment si j'étais seule, il me semble et pourtant je n'en suis pas certaine.
Et là, deux petites filles de sept huit ans débarquent du virage.
L'une d'elle, c'était Mélanie D. Enfin c'est ce que j'ai cru tout d'abord, puis je me suis dis,
que depuis tout ce temps, Mélanie devait avoir grandis autant que moi, qu'il s'agissait sûrement
de sa petite soeur, qui avait l'âge que nous avions lorsque je cotoyais Mélanie.
J'hésitais et puis j'appelais la petite.
- Tu as une grande soeur non?
- Oui!
- Et elle s'appelle comment?
- Alice.
- Tu es sûre?
- Peut-être plutôt Cécile.
- Attend, tu ne connais pas le prénom de ta grande soeur?
- Si, mais pas là. et alors elle rougit.
- Ce serait pas Mélanie?
- Si! Mélanie!
Mais elle rougissait tellement que je n'osais pas lui parler davantage.
Elle s'en alla, avec sa petite copine, il faisait un soleil de fou, et moi je les regardais, je me disais,
que cette petite fille était la seule opportunité de revoir Mélanie D.
Je la laissais s'en aller en pensant à moi qui oublie toujours tout, je me disais que même si je lui
disait de passer un message, elle oublierait le temps de rentrer chez elle.
Je ressentais un énorme dégoût, j'aurais pu pleurer, et puis je me suis réveillée.


Mélanie D. est presque mon seul souvenir de mon écolé CP CE1, le seul, après l'oiseau mort.
Mélanie elle avait toujours un beau manteau rouge, je crois qu'elle le porte sur la photo de classe.
Je me souviens imiter son écriture très ronde quelquefois,
je me souviens de maman qui disait Dis donc tu écris bien aujourd'hui.
Je me souviens de chez elle, du canari dans la cuisine, des bols de céréales pour le dîner.
de sa maigreure, je pense qu'elle n'a pas changé.

Il y a aussi eu ce jour de l'oiseau mort. Il était là, allongé sur le trottoir, entre l'école et la nourrice.
On était passé devant, sans s'arrêter mais je l'avais vu, je m'étais retournée deux, trois fois, il fallait se dépêcher.
Avant de rentrer en cours, j'avais ramasser le plus possible de framboises, en fait ce n'était pas des framboises,
mais des tout petits fruits rouges et poilus des arbres de la récré. j'ai retrouvé les mêmes, dans l'école suivante.
J'en avais enroulé un bon paquet dans du papier toilette et j'étais allée en classe avec tout le monde.
Au milieu du cours j'avais levé la main, demandé à aller au toilettes, je serrais fort mon petit paquet, ça tâchait ma main.
J'avais descendu les escaliers, étais passée devant les toilettes sans m'arrêter. traversé la cours, en courant.
Devant toutes les fenêtres de l'école. J'étais allée à l'endroit où le grillage était un peu plus relevé, un peu plus mou.
Je m'étais allongée par terre, j'étais passée dessous, ça accrochait mon dos, mes habits.
Puis j'avais couru, dans la rue, couru, puis marché, puis couru à nouveau, jusqu'à l'oiseau.
Ca faisait un sacré bout de chemin, presque jusqu'à chez la nounou.
Je m'étais accroupie à côté de lui, maintenant, il y avait des vers, partout qui sortaient de son corps.
J'étais persuadée qu'il pourrait revoler. Je me souviens avoir déposé tous les fruits autour de son bec,
sans éprouver le moindre dégoût pour les bêtes qui lui mangeaient le ventre.
J'étais repartie, très contente, très soulagée, j'avais recouru, remarché, recouru, jusqu'à l'école, j'étais repassée
sous le grillage, remonté les escaliers, et après vingt minutes d'absence j'étais retournée en classe.
Je me souviens ne pas avoir eu peur du tout, être rentrée dans la classe toute tranquille du haut de mes sept ans,
être retournée à ma place près de la fenêtre qui donne sur la cour, je me souviens de ma voisine qui avait tout vu,
et qui m'a dit à ce moment là "Je dirais tout."

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