Lundi 10 décembre 2007 à 22:26

Le rouge, le rouge aurait bien aimé s'en aller bien sûr, le rouge de la palette d'aquarelle d'Alexandre est un rouge vagabon, qui sort de sa petite coquille blanche sans rien dire, il s'étend, dégouline lentement, passe un pied, puis l'autre par dessus bord, regarde à droite à gauche. Alors lorsqu'on le surprend, il s'immobilise. Il est ainsi depuis des semaines je crois bien, il n'a pas bougé, je regarde souvent pourtant, mais il ne bouge plus, plus un geste, rien. Peut-être que c'est un peu comme un escargot, trop longtemps en dehors de sa coquille et il se désèche avant de mourir tout sec sur place.
Tout à l'heure je décroche mon portable qui sonne et le monsieur demande à parler à Dora. Je pense à Dora l'exploratrice et à mon calendrier de l'avent, j'hésite à lui expliquer que Dora elle existe que dans la télé le matin et que si il veut lui parler il faut plutôt demander à Lou de lui donner l'horaire, et encore elle fait souvent répéter des choses comme Petit pont chemin rouge et tout ça. Mais je lui ai juste répondu qu'il n'y avait pas de Dora ici, très sceptique.

Dimanche 9 décembre 2007 à 1:37

Nous irons sûrement skier. Ca m'a fait plaisir cette question de ski. Oui avec plaisir. Oui je skie oui j'aimerai pouvoir t'embêter avec des poignées de neige dans le col te voir tomber mais pas trop fort dans la poudreuse.
Ce soir j'ai du lui sur moi, en fine couche grise un peu large. C'est un pull de garçon. Je crois qu'il est un peu portatif. Pour ce soir chez les invités.
Ce sont nous les invités alors me voilà à l'étage assise sur le tabouret au milieu d'un circuit de trains. J'ai des locomotives qui me tournent autour, quelques fois elles bloquent dans les virages alors Max me demande un léger coup de pieds et ça repart.
Heureusement que ce garçon est portatif, moi dans son pull c'est un peu comme si je passais ma soirée dans son cou, contre sa peau qui longe la nuque et les épaules. C'est assez agréable comme endroit, un peu comme s'allonger sur une pile de tapis molletonnés dans les magasins de meubles. Mais ça sent meilleur ici. Les tapis sentent sans doute l'entrepôt, le carton et les plumes de coq. Son cou à lui ne sent rien de tout ça.

Jeudi 6 décembre 2007 à 6:48

Hier un exemplaire de ma nouvelle est parti pour Syracuse en Italie. " Je trouve ça terriblement romantique! " a dit Phil. C'est impressionant, la première fois que ça dépasse la France. j'espère qu'elle n'aura pas peur de l'avion.
Qu'est ce qui a poussé une personne italienne à commander ma nouvelle. Je me demande bien si elle va la comprendre. J'aime à voir cette petite chose voyager, demain je vous expliquerais la théorie des livres qui voyage légèrement entre les êtres. Mais pour le moment il est amplement l'heure de commencer à mettre ses chaussures.

Lundi 3 décembre 2007 à 22:44

Sur le quai l'homme fredonne il pleut il pleut bergère. Je repense à ce livre, un grand livre tout en hauteur d'au moins cinquante centimètres. Que je feuilletais. J'étais alors subjuguée par cette bergère sous tant de pluie, la pluie faisait des traits, elle pointillait toutes les pages. Et la bergère en robe blanche courrait. Elle rentrait ensuite dans sa maison, une sorte de grande avec du foin partout et elle se couchait. Sur le quai j'aurais aimé pouvoir faire comme elle et rentrer sous ma couette de la maison. Mes cheveux étaient comme des sauts d'eau au dessus des portes. J'avais l'impression de revenir de la piscine, c'est bien pour éviter ça que je n'ai pas pris piscine, pour éviter les gouttes sous le manteau et les cheveux qui collent dans les oreilles. Il y avait un vent aussi, ce matin, un vent à vous déraciner, à envoyer valser le bas du pantalon, à vous faire tanguer dès la sortie de la porte d'entrée, puis en cours d'histoire de l'art nous avons vu d'immenses tours qui oscillaient tellement qu'il aurait fallu les attacher au ciel avec de gros lacos de cow-boy. C'était vraiment un jour à bourrasques, un jour à aller se balader, un jour au Treport.

Dimanche 2 décembre 2007 à 19:57

Et l'autre jour Jess qui m'appelle et me dit qu'elle a fait des chaussons aux pommes et moi qui l'imagine les pieds dans des petits coussins en morceaux de pommes tout bien épluchés qui lui font de beaux petits chaussons biodégradables.
               Ce soir Max, qui veut devenir fabricateur de chocolats chauds dans une machine, me quémande des centimes et revient avec un petit gobelet puis repart dans le couloir se mettre de ce produit désinfectant pour hôpital qui sèche instantanément. La chambre est claire le lit bancal si je m'assois moi, plus Max, ça tangue et manque de s'effondrer. Par la fenêtre l'herbe est aussi verte qu'en haut des falaises du Treport il faudrait que je vous montre, mais elle ne peut pas se déplacer, pas jusqu'à la fenêtre. Je pense qu'à son endroit à droite du lit, elle aperçoit le ciel, mais jamais l'herbe, et les bancs, abandonnés par le froid pourtant c'est vraiment beau, les feuilles par terre sont des coccinelles et soudain. Une sur ma main là au milieu de la chambre à l'odeur vieillotte. Alors on ouvre la fenêtre pour la déposer au bord et je sais qu'elle nous regarde de la droite du lit et moi qui crie car la coccinelle a de bonnes griffes et refuse de descendre.
                Max veut aussi être conducteur de camion des éboueurs pour récupérer ce que les gens jètent.

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