Mercredi 21 novembre 2007 à 23:31

                       Derrière moi j'entends dessiner, dans le bus. C'est tellement rare. Je connais bien ce bruit, ce frottement de crayon contre la feuille de papier, le bruit des ombres lorsqu'il faut accentuer le trait, et le silence des lumières. Je n'ose pas me retourner je pense que le garçon dessine. Je penche mon visage contre la fenêtre, si je tourne un peu la tête, je peux voir son dessin. Je regarde plutôt l'autoroute et imagine l'œuvre qui se trame dans mon dos. Est-ce que les traits répétitifs sont de longs cheveux de femme ? Est-ce que le grattement soutenu est un nuage plein d'orage ?

Lundi 19 novembre 2007 à 19:59

Hier soir j'ai réouvert un livre, j'ai ravalé des mots, j'ai repris mes petites habitudes de bouquin. J'ai d'abord lu le résumé. C'était un livre acheté il y a longtemps, avec des chèques cadeaux, un livre rouge bien voyant sur l'étalage, et comme au dos, ça parlait de jalousie, d'humiliation, de désir, d'enfer et d'amour, j'étais repartie avec. J'avais sûrement dû retenir amour. J'étais rentrée et je l'avais posé sur mon bureau, je m'étais dis non ne le commence pas maintenant, on passe à table dans cinq minutes. J'en mourrais d'envie de le commencer maintenant, et de le continuer devant mon assiette, caché sous la nappe entre mes mains. Et puis je l'avais posé sur mon bureau, on était passé à table, et je ne l'avais jamais commencé, c'était il y a six mois. Je me remets à lire comme si je n'y arrivais plus. Qu'il fallait un peu réapprendre, alors lorsque je loupe un mot, lorsque je lis « le » au lieu de « les », et bien je reprends au tout début de la phrase, pour être certaine de ne pas me tromper dans la signification. Lire, ça fait de belles choses dans la tête.  

Samedi 17 novembre 2007 à 17:51

Je retiens quelquefois des mots des gestes comme des clins d'œil. Invisibles mais vraiment transparents.
Comme ce jour où M. m'a dit que j'étais élégante car un peu plus noire qu'habituellement. Alors je n'ai pas retenu le mot élégante j'ai retenu la spontanéité avec laquelle il l'a dit là en bas de l'escalier. Tu es drôlement élégante aujourd'hui.
C'était placé avant le bonjour.
C'était pas de la drague, c'était de l'impression.
Et cette fois où F. a rit lorsque je suis partie. J'avais pris mes affaires et avais passé la porte.
Je l'ai refermée doucement derrière moi et après le second pas j'ai entendu rire à l'intérieur. Ce devait être n'importe quoi, quelque chose à la télé, un coup de fil.
Mais il a rit et je me suis souvent demandée.
C'était un petit rire, comme un engouffrement de vent, une bourrasque qui s'arrête net. J'aurais aimé savoir et je n'ai jamais demandé, c'était une si petite chose.

Vendredi 16 novembre 2007 à 23:21

C'est la pemière fois que j'envisage une fin, d'habitude je ne sais jamais où je vais, alors je ne vais jamais très loin.

Mercredi 14 novembre 2007 à 23:17

21 :37 j'éteignais la lumière. Je me suis mise dans une position qui m'a fait mal aux jambes. J'avais eu mal, toute la journée, des courbatures des hanches jusqu'aux pieds en passant par les genoux. J'avais d'abord pensé aux talons je m'étais dis c'est pour ça, il faut mettre des choses plates dans tes pieds. Mais non, c'était pas ça, c'était la fatigue. Quelques jours de fatigue et me voilà perchée sur deux jambes en accordéon qui font mal. C'était pas de la petite fatigue, pas de la fatigue de débutant, plutôt de la fatigue de quelques heures de sommeil que l'on peut compter sur les doigts d'une main, et encore, une main de Lou. Comme si mon corps n'avait plus décidé de dormir mais plutôt de tourner rouler dans mon lit, me faire mal aux jambes et réfléchir. Ca fait réfléchir de ne pas dormir. On fait mentalement les devoirs que l'on n'a pas faits, on prépare la journée du lendemain, ce que l'on va dire, et à qui. On en a du temps, toute une nuit, des tas de secondes en pyjama, et la nuit les heures sont longues, comme une file d'attente pour space mountain.
Ce matin, en ouvrant la porte, la neige. Je ne m'y attendais pas. Il y a des matins où l'on fait attention, on se dit il pleut peut-être, je vais chercher mon parapluie, le poser dans l'entrée, je vais mettre un pantalon, tout ça. Aujourd'hui, rien, la neige fait moins de bruit que la pluie, la neige tombe doucement sur la voiture, sans bruit, comme une pellicule de sucre glace sur un gâteau. Et moi, jupe, collants rouges de mamie tachés au doigt de pieds, j'ouvre la porte et là, neige. Je suis devenu noire et blanche comme pour les mauvaises nouvelles. J'ai pesté aussi car j'avais ma pochette à dessins sous le bras. J'ai pris le parapluie cassé et j'ai glissé, non slalomé jusqu'à l'arrêt de bus, entre les flaques. Aujourd'hui c'était la grève, la grève sous la neige en parapluie cassé.

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