Jeudi 13 septembre 2007 à 6:46

J'ai vu véhiculer tout autour de la table de belles choses qui nous faisaient rire. Les trente-cinq ans de Laurence. C'était environ comme quand on se retrouve après une longue absence. On était heureux, là, à manger la crême patissière qui dégoulinait de la tropézienne. Oui c'était comme après une absence. Quand tout semble nouveau, se renouvelle. On était tout neuf. On s'est retrouvé, on s'est partagé. On s'est ouvert en deux et on a dit "Regardez ce qu'il y a dedans!" et on avait pas peur. Je n'ai pas eu peur car je n'étais pas toute seule j'ai échangé mes craintes contre une deuxième part de dessert. Et maintenant, dans mon lit, je les entends rire, en bas. Et je sais que les vagues sont allées s'échouer ailleurs, que la marée a quitté nos côtes. Il est temps de ramasser les jolis coquillages.

Lundi 10 septembre 2007 à 20:35

J'ai lu que dans le ventre de la mère, le fœtus subissait une foule
de petites situations stressantes qui, en se succédant vont sculpter
la pulpe des doigts. Ce qui crée les bifurcations, les petits îlots, de
nos empreintes digitales. Alors les petites figures se figent jusqu'à
la mort. Alors j'ai regardé mes doigts pour compter les îlots mais
c'était beaucoup trop compliqué. Je ne saurais pas si ma grossesse
a été stressante. Aujourd'hui bac blanc d'histoire de l'art, histoire
de s'y prendre tôt. Si j'avais été dans un ventre ça m'aurait fait au
moins quinze bifurcations d'un coup sur le bout des doigts.    

Dimanche 9 septembre 2007 à 0:12

Je voulais parler de ces choses qui m'effraient. Qui font que quand j'y songe, je suis une arrêteuse de temps. Je ne voudrais pas que ça continue. Et tout continue jusqu'à. Jusqu'à je ne sais pas je ne connais pas la suite. On me la demande. Un oui un non. Un truc. Mais parle. Je ne sais pas parler.
Je reste figée et les mots vraiment profonds elle ne les entend jamais. Alors on me dit de réfléchir. Tu réfléchis jusqu'à la prochaine fois qu'on te posera la question. Après je reste encore sans mot.
C'est pas pour moi les questions comme ça. Ca ne se pose pas d'ailleurs. C'est pour personne. Pas plus pour un petit légo ou un action man qui vole. Alors pour moi.
Ca me paralyse tant c'est lourd. Ca m'enfonce droit dans le siège de la voiture jusqu'à ce que le siège durcisse autour de moi comme un moule en béton. Je m'enfonce et puis plus aucun signe extérieur, j'entends et rien d'autre.
Quand c'est finis, une fois que je n'ai toujours pas répondu, on me dit que j'ai encore du temps mais pas trop, quand même. Faut un peu se dépêcher, quand même. Même si j'avais une quinzaine d'années devant moi je ne saurais pas. Mettez-moi un zéro, je ne connais pas la réponse. Mettez-moi ailleurs. Laissez-moi tranquille avec vos histoires. J'en ai drôlement marre. Et j'en sais rien.
Il faut penser à ça, prendre en compte cela, et ce serait plus simple si, oui tout de même, surtout que dans ce cas là, ah bah oui ça complique tout. Et ah. Ah bon.
Oui je voulais parler de ces choses qui m'effraient et puis je n'en parle même pas. Car je n'arrive pas à prononcer les mots ici. Les vrais mots ceux qui frappent. J'ose à peine y réfléchir moi-même. J'ai peur que ça durcisse dans ma tête. Que ça prenne racine que ça n'en sorte plus.
Alors je vais plutôt vous parler d'elle. Elle a vu les oiseaux pour Camille et elle a dit « Moi aussi. ». Au dos du cou, à la naissance des cheveux. Un quelque chose de moi tatoué dans la peau.
Des traits fins, un dessin qui soit elle. Presque comme une libellule, mais ça c'est plutôt elle avec lui. Quelque chose de singulier, de doux et délicat. Comme un dos, un sous-entendu, la peau de son cou, une caresse, une plume. Elle a dit « Moi aussi. » et tout de suite après « Débrouille-toi. ». Et ça ne m'effraie pas. Ca m'enchante. Ce qui ne m'effraie pas m'enchante.

Vendredi 7 septembre 2007 à 21:13

Les oiseaux pour Camillette. Elle va en faire tatouer un dans sa peau.
A l'intérieur du poignet. Pour tout l'temps d'la vie elle aura un oiseau de moi.
Une vraie envolée sauvage à portée de main.

Jeudi 6 septembre 2007 à 14:10

J'avais l'impression que ma tête avoisinait les 80 degrés et que mon ventre vivait l'apocalypse. J'avais subitement mal aux jambes et au dos comme si je revenais de 15 jours de randonnée intensive. Je ne suis pas allée au self je me suis allongée là sur le banc avec un pull et une veste de garçon qui me recouvraient la moitié du corps j'étais presque bien. Puis il y eu les mathématiques. Lorsque j'ai commencé à pleurer et à ne plus pouvoir écrire un mot j'ai supplié le prof de bien vouloir me laisser rentrer chez moi. J'ai entendu des Mais qu'est c'qu'elle aaa. Mais rien mais rien. J'ai croisé le regard du monsieur de la porte d'entrée du lycée avant de me trainer jusqu'à mon lit. Quand vous pleurez les gens vous regardent avec beaucoup de compassion, dans le tramway j'avais envie de leur dire non non je ne viens pas me faire larguer. Puis on me demandera trois fois si je ne suis pas enceinte, je sais pas on sait jamais avec l'immaculée conception c'est bien connu Marie n'a rien demandé à personne et elle s'est retrouvée enceinte du petit Jésus. Cet après-midi tout va un peu mieux, assez pour dessiner deux trois oiseaux qui finiront peut-être sur l'intérieur du poignet de Camillette, personnellement, j'aurais peur de me faire tatouer un dessin de moi mais ça m'enchante.

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | Page suivante >>

Créer un podcast