Mercredi 5 mars 2008 à 22:07

Moi

j'étais à la fenêtre, avec le soleil sur les tuiles.
elle était juste derrière, avec Maud en face, les écouteurs sur les oreilles, à la place 20 de la bibliothèque,
la place réservée aux personnes qui possèdent un ordinateur portable.
elle s'y met toujours. toujours là, chaque fois que je sors de l'ascenseur,
au sixième étage de la biliothèque, toujours en face, puis les portes vitrées que l'on doit retenir
pour pas que ça claque, tout est écrit, indiqué, ne doit pas claquer.
Puis j'entre. Je dois faire doucement, chaque fois j'aimerais arriver sans qu'elle me voit jusqu'à derrière sa chaise.
et chaque fois elle se retourne au dernier moment et dit "Je le sais quand c'est toi."
et son sourire. elle se lève toujours et ensuite elle regarde ce que je porte ensuite je regarde les photos.
les photos de son ordinateur que j'ai déjà vu des cinquantaines de fois chacune.
mais c'est comme ça, le fréro l'amoureux la famille les tantes les oncles et les inconnus
tout y passe, pourvu qu'elle ne travaille pas. et entre chaque image "Faut que je travaille."
Alors je me lève regagne la fenêtre, il fait soleil sur les toits, et d'ici on ne sent pas le vent.
Il est terrible aujourd'hui. du froid qui congèle et qui glace les pores. pas un par un.
tous à la fois. d'un coup avant même que mon premier pied touche le par terre.
Alors j'ai dessiné, elle a remis son casque et j'ai montré mon dos à la salle entière
j'ai tenu droit le carnet à croquis à hauteur de mon ventre, callé contre le rebord de la baie vitrée.
j'aimais être là. normalement c'est un bisou et qui s'en va. je la laisse à ses os et ses muscles polycopiés. là je la sentais proche.
Quand j'ai eu finis elle a dit "Je peux? Maintenant ou après?"
j'ai hésité et j'ai ouvert le carnet sous ses yeux et elle a rearrêté de travailler. 


Mes cauchemars de 3h, mon détestable milieu de nuit
"Quand on meurt, on sent toutes les molécules une par une, qui s'en vont. et on les voit aussi, elles sont vertes, elles prennent la couleur de l'eau dans laquelle elles viennent s'échouer. et le pire, le pire c'est que l'on a l'impression qu'il n'y a que maintenant que tout est possible. que c'est seulement une fois que toutes ces micro-molécules se sont séparées que l'on ressent une totale liberté. on voit alors tout ce qui nous est permis de faire, tout ce que l'on est capable de faire. des choses que l'on avait même pas imaginé."
Ca, c'était le discours de Régis De Sa Moreira.
Il se présentait comme étant l'auteur de "Zéro Tués", rien de plus, et comme auteur, ça peut-être pour un homme, ou une femme, au fond, je ne savais pas vraiment. alors tout le long du discours, j'ai pensé qu'il s'agissait d'une femme. c'est absurde, car en y réfléchissant, je sais bien que l'auteur de Zéro Tués est un homme, et que Régis est un prénom de garçon.
Elle expliquait qu'elle était morte au milieu de la mer, apres avoir nagé jusqu'à épuisement. et qu'il n'y avait rien de comparable, rien de plus merveilleux que ce suicide par éparpillage.
J'avais donc pris la décision de trouver une plage, un rivage, de nager jusqu'à ce que mort s'en suive. puis chaque mètre, chaque kilomètre supplémentaire je me demandais quand est-ce que la mort viendrait enfin me soulager de cet effort.
J'ai traversé la Manche à 3h du matin et à 3h45 j'ai atterris au creux des draps, toutes mes molécules étaient bien en place.

Par fanouche le Jeudi 6 mars 2008 à 19:44
J'ai essayé de dessiner car tu donnes envie de dessiner, mais moi c'est vraiment moche!!!
J'ai essayé d'écrire car tu donnes envie d'écrire, puis c'est plus simple que dessiner et depuis je vais mieux!! Merci
Par Sans-queue-ni-Tige le Jeudi 6 mars 2008 à 22:36
Je suis très heureuse de donner aux gens ce genre d'envies :)
Par Lalooow le Vendredi 7 mars 2008 à 17:54
J'ai passé sept jours à Paris. Expos photos et longues ballades.
Harry Gruyaert exposait ses merveilles au Bon Marché. Dans la librairie de ce même marché, je me suis offert le Photo Poche de Gruyaert, ainsi que "Zeros tués" de Moreira.

Je n'avais jamais entendu parler de cet auteur. Jusqu'à maintenant, je pensais que j'avais déniché un petit livre rare.
Apparemment, non.

Mais c'est 0K* pour moi :-)







* zero killed.

 

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