Ceci est un article d’après le travail, je suis, comme chaque jour,
encore extrêmement réveillée, c’est sans doute l’attente des foups
pour le process devant le hbout6, avant le run et le shutter
sur la mendc05 suivi du job prep pour le move in,
qui me tiennent en éveil, pendant encore une bonne heure.
C’était pas si facile, finalement, d’apprendre tout ça, de retenir
l’emplacement et le mode d’emploi de tous les équipements,
de comprendre les enchaînements que les plaques de silicium
ont le droit, ou non de suivre.
Je reconnais les personnes avec qui je travaille grâce à leurs yeux,
mais surtout grâce à leurs sourcils, à la couleur et à la taille de leurs sourcils,
ce sont les seules choses que je distingue, sous la grande combinaison bleue
qui nous recouvre tous.
Je commence également à reconnaître les allures, les manières de se déplacer.
Je partage un casier avec une jeune femme que je n’ai jamais vu.
On se croise en ne se voyant jamais, en fait, c’est à peu près la seule chose
un tantinet poétique que j’ai pu détecter depuis mon arrivée.
Lorsque j’arrive à 20h30, le casier est vide.
Lorsque je repars à 5h06, la jeune femme est passée, et je peux observer
sa petite installation: son sac mis sur le cintre, les paquets de chewing-gum
sur l’étagère.
Ce matin à 5h06, lorsque je suis venue récupérer mon gilet, que j’avais précédemment
jeté en vrac, au fond du casier, je l’ai découvert gentiment installé sur le cintre.
J’avais envie d’avoir un post-it à lui coller sur la porte en métal, pour la remercier,
de son attention.
Je me suis dis finalement ici, les hommes ne ressemblent pas tous aux machines.
Je me suis dis finalement ici, les hommes ne ressemblent pas tous aux machines.
Tu as le don de transformer le quotidien et de trouver la poésie là où elle nous surprend le plus.