Lundi 1er juin 2009 à 22:27


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La première chose que j'ai vu, c'était son entrejambe, totalement déchirée.
Ça peut paraître bête mais c'est vrai, je me disais quelque chose comme
Purée, c'est tellement grave que même son jeans est bon à mettre à la poubelle.
Je devrais attacher moins d'importance à ce genre de choses mais ensuite je me suis dis
qu'il allait se relever, que ce serait comme quand je suis tombée de l'arbre que l'on a ensuite rasé,
qu'il se relèverai, qu'il aurai mal au dos et à la tête, que quelqu'un lui conseillerai d'aller faire des radios.
Mais il ne bougeait plus, en fait. Il essayait d'ouvrir des yeux dont on ne pouvait déjà plus voir la couleur.
Je me suis sentie totalement irrémédiablement seule.
Quelques secondes auparavant j'étais dans ma musique, comme une ado qui trouve tout beau.
Je m'étais dis en sortant de l'agence, que ce serait chouette une petite balade, avec ce soleil.
Je m'étais enfoncée dans les petites rues, là où les magasins de fringues sont assez cheap pour que j'ai le droit
de m'en lasser rapidement.
Et là, en plein milieu d'un morceau j'ai vu la moto. Il était tout jeune, et il a glissé sur des cerises.
C'est fou ça, de glisser sur des cerises, c'est fou que quelqu'un ai posé ces cerises là à cet endroit là,
sans imaginer une seule seconde que. Et c'était déjà fini, j'ai vu droite, gauche, droite, gauche et son corps voler.
Il a atterrit devant mes chaussures, je n'avais rien compris.
J'ai prié pour qu'il bouge et il ne l'a pas fait. J'ai regardé partout en lui disant de ne pas bouger, finalement.
Je me suis dis que sur 365 jours il devait y en avoir 1 seul où j'oubliais mon portable à la maison et que ça tombait aujourd'hui. J'ai hurlé aux immeubles, que quelqu'un ouvre une fenêtre, que quelqu'un appelle.
Je revoyais sa chute et lorsque le sang a fait son chemin sur son tee-shirt jaune, je me suis mise à pleurer.
Après de longues minutes une troupe s'est attroupée, j'essayais d'expliquer, et en partant j'ai entendu le camion des secours.
Là je me demande maintenant si des cerises ont été des tueuses.
Je repense aussi à ses chaussures, elles étaient vraiment râpées.





Par loretta adams le Lundi 1er juin 2009 à 22:43
Ce serait bien d'en parler aussi à quelqu'un d'autre, de tout ça (si ce n'est pas déjà le cas). Pour pas que ça te ronge les ongles.
Par Sans-queue-ni-Tige le Lundi 1er juin 2009 à 22:46
J'en ai parlé, un peu, en me retenant, en me répétant que c'est très dur pour les gens de se rendre compte à quel point ça fait mal de voir un corps humain se faire aussi, mal.
Par Sans-queue-ni-Tige le Lundi 1er juin 2009 à 22:49
loretta adams, si c'est ton nom, il est beau
Par loretta adams le Mardi 2 juin 2009 à 12:22
Non non, nom d'emprunt pour être anonyme en toute élégance.

C'est vrai que c'est impossible de ressentir aussi fort que toi cette souffrance vue, mais j'ai trouvé tes mots très forts et désarmants. Tu parles de ce lien si fin qu'on a entre nous, petits inconnus fragiles, et qu'on ignore jusqu'à ce qu'on casse l'un des nôtres (l'empathie, je crois ?).
Par Sans-queue-ni-Tige le Mardi 2 juin 2009 à 12:42
C'est ça, en une seconde, cet inconnu est devenu comme mon frère et c'était comme si on m'abîmait moi-même, comme si je découvrais pour la première fois, qu'on était, avec du sang à l'intérieur, que notre peau pouvoir s'écorcher, se trouer. On ne m'avait jamais montré ça en vrai.
Par Lucie Elephant le Mardi 2 juin 2009 à 15:05
Marie (rouge-gorge), je sais que tu vas voir ce commentaire, parce que tu viens ici souvent, et que j'ai cru voir un commentaire de toi l'autre jour dans un article. et je te cherche sur facebook sans résultat, et j'aimerais avoir ton blog, et, j'écoutais fais moi mal alors je t'entendais chanter.

Jessica, je m'excuse platement de me servir de tes commentaires comme d'un texto.
Par Sans-queue-ni-Tige le Mardi 2 juin 2009 à 15:39
Ca ne me dérange pas!
au contraire, si on peut réunir des gens, autant utiliser les moyens nécessaires!
Par mlle.mandarine le Mardi 2 juin 2009 à 15:43
Ca me rappelle cette fois où, en fumant une cigarette seule devant une station service, un très grand black et un très gros blanc (j'étais aux états-unis...) sont venus jusqu'à moi en se hurlant dessus jusqu'à ce que le grand black envoie le gros blanc par terre et le frappe au sol à répétition, à la tête. Il m'a fallut bien 20 interminables secondes pour réagir et essayer de les arrêter (la blague, j'ai pas tellement fait le poids..) et encore, c'était par réflexe.
Après ça, j'ai eu les mains qui tremblaient pendant des heures et j'y ai repensé toutes les nuits pendant des jours. C'est quand la vie humaine bascule sous nos yeux que l'on se rend vraiment compte de sa fragilité. L'homme blanc n'est pas mort, mais il a fini par rentrer en rampant dans la station service (j'avais beau me dire "il lui a fait une remarque salement raciste, ça se comprend que l'autre ai réagi comme ça, je n'arrivais pas pour autant à me dire qu'il l'avait mérité) et moi je suis vite partie parce que le black menaçait de sortir une arme.

Après aussi, ce qui change, c'est qu'on a plus de mal à voir des scènes de violence dans les films ou à la télévision. Et qu'on prend peur facilement quand on entend quelqu'un hurler "j'vais t'tuer", même quand ce ne sont que des mots...

Ce jour-là, je me suis sentie complètement inutile et surtout terriblement vulnérable (physiquement et mentalement). Pas seulement moi, mais tout le monde. Tous les inconnus autour de moi.
Par Biwi le Mardi 2 juin 2009 à 16:23
C'est plup fiction ton truc ;-)
Par TiZine le Mardi 2 juin 2009 à 21:35
La vie est si éphémère qu'elle se force parfois de nous réveiller, d'envoyer des signaux d'alarmes pour nous rapeller que la mort est toujours là. Au coin de rue, cachée dans le placard ou dans la cabine d'H&M. Il faut pas forcément une mort d'homme pour que ça fasse tilt dans notre tête. Mais un cas comme tu viens de le vivre Jess, ça contribue. Je pense que tu as du repenser à la mort , à la vie trop courte, et au temps qui passe trop vite.
Profitez de l'instant présent. Le futur est si incertain. Savourer votre tartine de nutella. Souriez à la blague débile de votre insuportable petit frère. Contribuer à rendre votre vie plus agréable et meilleure. Le sourire est la plus grande arme. Bien a vous tous. Bisous.
Par Biwi le Mercredi 3 juin 2009 à 13:42
Et puis il y a ce garçon et cette fille sur le blog de Punky B.
Avec rouge à lévre et sac rouge façon pin up pour elle, et grosse boucle d'oreille ronde et lunette aviator pour lui.
Ils sont avec moi à l'école, et en vrai ce sont de vrais cons. Ah si tu savais comme ça m'énerve qu'il soit sur son blog -_-
 

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