Lundi grisaille. Il faut que le soleil revienne avant demain. Je suis un peu perdue entre la page 104 et la page 105 de mon livre d'histoire. Le chapitre sur la seconde guerre mondiale. Et le bac dans 8 jours. J'écris j'écris et la moquette de ma chambre ressemble à un tapis de lignes de feuilles de dictionnaires de livres et de stylos entremêlés. Je me surprends à me lever tôt les jours fériés pour me retrouver dans l'obscurité les yeux à demi clos devant l'écran pour monter ce foutu dossier sur les enfants juifs. Alors la maison dort encore avec sa couette qui emmitoufle le toit et ses bruits de plissement d'oreillers et de soupirs ensommeillés. Puis les bruits évoluent. C'est maintenant le tour des ouvertures de portes et des comment vas-tu en ce gris matin de lundi ? On me croit endormis. Les pas descendent de l'escalier. J'entends des bols et des cuillères. Je me concentre sur l'évacuation des enfants de Paris vers le centre de la France. Il commence à faire bien jour. Je ne suis pas dans le mécanisme du matin.