Il y avait ces filles. elles parlaient mal, tout le monde les regardait
parcequ'elles parlaient mal. C'étaient des collégiennes toutes jeunes
avec des mots moches qui sortaient de leurs bouches à l'infini.
Je rentrais du parc de la tête d'or, avec mon carnet A3 sur les genoux
on avait passé l'après-midi à dessiner les plantes tropicales dans les serres.
Et puis tout d'un coup, elles ont regardé mon carnet.
Je me suis demandé si elles allaient me dire des choses moches avec leurs mots de garçon,
et puis non, la première a demandé "T'es prof de dessin?"
Ca m'a fait rire, j'ai répondu "Pas prof, élève."
alors elle a ajouté "Donc tu veux devenir prof d'arts plastiques?"
je me suis dis qu'elle ne voyait sans doute l'art qu'au travers des élèves, et des professeurs
d'arts plastiques, que ça ne dépassait pas le collège, en fait.
Un peu plus tard elle m'expliquait qu'un jour elle avait dessiné une forêt et que le dessin
était tellement réussi que l'infirmière l'avait affiché dans son bureau.
Elle a fait juré à sa copine, qui a juré que c'était vrai.
Je répondais attentivement à leurs questions, elles regardaient mon carnet fermé avec attention.
et puis m'ont demandé de l'ouvrir. Il restait deux stations de métro, je leur ai montré quelques croquis.
Elles parlaient mieux, ne me faisaient plus peur, elles étaient curieuses.
j'expliquais calmement chaque chose et aussi
"Mais ça s'apprend pas de dessiner si?"
et puis les gens autour de nous ne les regardaient même plus comme quatre petites insulteuses.
Ca cache toujours un truc derrière...
En tout cas, ton blog est une merveille. Je le suis depuis longtemps, et je suis en admiration.
Bah c'est le mot je crois.
=)