Sans-queue-ni-Tige

Nous sommes encore à ce moment ou personne ne parle vraiment
tout le monde semble sérieux, les cours d'expression plastique sont encore bien trop silencieux
Nous sommes à la charnière ou l'on commence à rigoler dans l'escalier,
à être en retard, un peu.
je trouvais ça étrange de manger mon premier bol de céréales lyonnaises,
devant le dessous de plat en pinces à linge fabriqué par Max
pour avoir un souvenir de lui ici, c'était vraiment pas mon frère, c'était rien qu'un objet pour penser à lui.
C'est plus du tout comme avant.
Jeudi soir ce sera chouette, on ira sur les quais on mangera des bidules on boira des machins sans doute
je pense qu'on va s'amuser, que ça ne ressemblera pas à l'école, et qu'ensuite,
les cours d'expression plastique seront un peu moins glauques.

Me voilà dans ma maison "n'a qu'un nom"
finalement deux noms depuis quelques jours
je crois que l'on rattrape nos presque deux mois d'absence
entrecoupés d'une minuscule demi-journée fin juillet,
un rien du tout qui était tout de même un peu magique.
maintenant ce sont des jours et des jours sous le même toit,
l'école en se levant à 7h30, quelque chose qui n'était pas arrivé depuis des années.
il y a eu la rentrée scolaire et puis cette impression d'être bête, un peu nulle,
de penser reconnaître sur le visage des camarades leurs aptitudes à dessiner parfaitement.
alors que je n'en sais rien, je me retrouve dans la même situation que le premier jour d'arts appliqués, toute apeurée.
Je me sens bien ici, finalement je suis bien, au début on ne se sent pas franchement à sa place,
tout est différent, tout, les rues, les vues, les gens, l'école, l'emplacement des confitures et du petit casino.
les bruits aussi, ceux de l'immeuble, l'ascenseur du quatrième, ceux de la rue
et puis finalement je m'empare de mon petit espace qui se laisse gentiment approprier.

ici il n'y a rien qu'un seul nom sur la porte, le mien
des pochettes à dessin dans les coins, des images, des petites images dans des petits endroits.
des boîtes, pour les bonbons,
je crois que je peux faire tout ce que je veux,
ici c'est comme un tableau, immense