Samedi 15 septembre 2007 à 10:17

- Qu'est ce que vous étudiez ?
- Les mathématiques, je n'ai pas tout bien compris.
Il était venu s'asseoir quelques minutes auparavant. Concentrée dans mes paraboles je n'avais tout d'abord pas alors levé le nez. Et puis je m'étais un peu décalée vers le bout du banc pour lui faire de la place.
- Laissez laissez !
Et je n'avais plus pu me concentrer. Je lisais les pages posées sur mes genoux sans comprendre. Il était si proche, quinze centimètres peut-être. Il n'y a que dans le tramway que l'on est si proche des gens, à condition de prendre celui de 7 :30. Là je me sentais comme chez le médecin, comme quand on s'approche trop près. Qu'on dépasse tout juste la limite.
Le vieux monsieur laissait traîner ses yeux sur les lignes de mes cahiers. Et je me disais qu'il débordait peut-être sur mes genoux. Sans le faire exprès, mais j'imaginais qu'il débordait et passait du haut de la page à mes genoux. Ou peut-être qu'il regardait juste les paraboles.
Il ne parlait pas, il avait un dictionnaire posé sur les jambes. Sûrement au cas où tout à coup il ne comprendrait pas un mot. C'est étonnant, de se ballader avec un dictionnaire, est-ce que si quelqu'un vous dit un mot que vous ne comprenez pas, vous irez chercher dedans? Devant lui? Je suis restée une demi-heure. Je n'osais même plus regarder l'heure. J'étais la tête vissée en direction de mes pages de mathématiques devenues des pages de numéros.
Le temps était aussi lent qu'en hiver mais les couleurs plus jolies. Puis une dame est arrivée. Une femme même. Petite avec le dos en C. Le dos en fauteuil boule. Avec un gilet à fleurs par-dessus. Et elle est venue d'asseoir là, dans les quinze centimètres entre le vieux monsieur et moi. Alors je me suis redécalée encore plus loin sur le banc.
- Laissez laissez !
Mais je me suis quand même décalée car elle était plus large que quinze centimètres et même si elle avait fait tout juste quinze centimètres, elle m'aurait touché.
- Le coiffeur était pas si long que ce que je pensais, en sortant je lui ai dis Je crois que mon mari est sûrement au jardin de ville.
- Où voulais-tu que j'aille, j'ai été acheter un dictionnaire pour Marie et je suis venu ici, c'est bien là qu'on est le mieux.
Ils sont partis les premiers.
- Travaillez bien mademoiselle !
Et ils se sont même pris la main.
Et je n'ai plus pu me concentrer.

Par Ju le Samedi 15 septembre 2007 à 10:43
Belle histoire ... D'amour .
Par Sans-queue-ni-Tige le Samedi 15 septembre 2007 à 10:46
Oui! D'amour !
Par maud96 le Samedi 15 septembre 2007 à 11:01
Excellent ! C'est vrai que les transports en commun, c'est souvent une forme de promiscuité, et alors qu'est-ce que l'imagination travaille !
J'aime ton style qui "suggère" à petites touches...
(écrit en période d'insomnie canadienne... désert nocturne autour de moi, dans la résidence... peur de faire du bruit avec les touches de mon clavier !)
Par Une Hirondelle le Dimanche 16 septembre 2007 à 0:57
Question anti-spam : Combien y a-t-il de jours en mars?
Je compte sur mes phalanges. Une de ces petites habitudes que l'on prend au jardin d'enfant. Alors qu'on avait encore de la peine à se souvenir de l'ordre.
En premier c'est janvier. Facile, y a l'anniversaire de Marilyne. Et puis après Février avec la fête à papa. Après y a le lapin de Pâques et puis c'est mon anniversaire à moi. Les vacances. Les longues. Celles où maman à dit qu'on prendrait l'avion. Ensuite, ça sera la rentrée. A la grande école. Bientôt, Noël, en décembre je crois. Pour finallement recommencer.
Tes récits font l'effet d'un petit rayon de soleil. La chaleur d'un amour qui n'est pas essouflé.
Je reviendrai. Le 31 mars =)
Par clignotants le Dimanche 16 septembre 2007 à 19:25
Quand j'ai lu cet article j'ai pensé à mes deux petits vieux sur leur banc je me suis dit peut-être qu'elle lui lisait le dictionnaire mais je suis sûre que non parce que sa voix chantait et on ne chante pas en lisant un dictionnaire, et si j'avais été à côté d'eux, il n'y aurait plus eu 15 centimètres pour respirer.
Par baka-hachiko le Lundi 17 septembre 2007 à 9:51
Trop choupi >.<
C'est beau de voir de tels moments...


Et même que moi samedi j'ai croisé Jess deux fois mouahahahahaha

Bisous bisous
 

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