Depuis septembre j'attends de courir. Comme ça, en rond presque, de courir en ovale sur la terre bordeaux, entre les lignes. J'attendais pendant l'escalade, pendant le volley-ball, sur le bulletin il écrivait Jessica ne vient presque jamais. là je suis venue. Pour la course. Quand je cours je sais pas. J'ai l'impression d'être en dehors de mon corps de le regarder courir à côté. Je me concentre vraiment, comme sur un travail. Je me concentre pour chaque foulée. Je calcule mon air. Je sais que je n'en ai pas beaucoup pourtant, et pas la ventoline là. J'y ai pensé à la ventoline, quand j'ai vu le garçon allongé par terre et tous les autres autour. Quand je cours je calle ma respiration avec mes pieds, il faut un petit moment. Je me concentre sur le bruit que font mes pieds. Il dit Jessica tes pieds font trop de bruit tu as sûrement de mauvaises chaussures. Quand je cours je frappe le sol, c'est pas les chaussures c'est moi. Chaque pas, c'est tout mon corps à la fois qui vient frapper par terre. Je suis sereine. Extrêmement sereine. Je prends de l'avance et alors en plus d'être sereine je suis seule. On court moi et mes jambes avec de l'air partout. Mes muscles ne disent rien, ils se contiennent, m'encouragent à continuer. Et alors je ne vois rien qui puisse m'empêcher de poser le pied d'après.
J'aime beaucoup tes dessins, tes traits. On dirait que tu ne les cherches pas, que d'un seul coup ils se retrouvent là sur le papier, au bon endroit, au bon moment. Stylo à encre noire?